Les patients profitent de la correction d’une anémie rénale
En bref: 73 ans, IRC et anémie rénale avec carence martiale
Le patient est adressé pour prise en charge concomittante d’une IRC.
- Anamnèse personnelle : hypertension, dyslipidémie
- Traitement actuel : candésartan, pravastatine, amlodipine
- Pathologie : atrophie rénale bilatérale, vraisemblablement d’origine hypertensive
- Laboratoire : créatinine 207 µmol/l, correspondant à un TFG estimé de 27 ml/min/1,73m2, Hb 73 g/l, VGM 89 fl, TCMH 29 pg, acide folique 5,2 µg/l, vit. B12 354 ng/l, ferritine 81 µg/l, TSAT 22 %
Les préparations de fer i.v. sont le traitement de premier choix
L’anémie rénale, dans le cadre d’une insuffisance rénale chronique (IRC), représente un facteur de risque associé à une morbidité et une mortalité augmentées, mais néanmoins traitable.1 Outre la réduction des besoins en transfusions et en ASE, les recommandations KDIGO2 font état d’un autre avantage de l’administration de fer par voie i.v., à savoir une amélioration des symptômes dus à une anémie. Nous avons abordé la question du traitement martial lors d’IRC avec le Dr Dimitrios Tsinalis, Néphrologie, Hôpital cantonal de Saint-Gall.
Dr Tsinalis, êtes-vous fréquemment confronté à des cas d’anémie rénale chez vos patients atteints d’IRC ?
C’est relativement fréquent. Une anémie peut déjà se manifester à partir d’un TFG <50 ml/min, un taux qui ne s’accompagne pas obligatoirement d’une augmentation très marquée de la créatinine. Au fur et à mesure que l’IRC progresse, le taux d’anémie augmente et, à partir d’un stade IV (correspondant à <30 ml/min), la plupart des patients sont concernés.
Vous avez instauré un traitement martial i.v. chez le patient atteint d’IRC et d’anémie rénale qui vous a été adressé. Sur quel raisonnement se fonde ce choix ?
Ces dernières années, l’importance d’une carence martiale lors d’anémie rénale a été reconnue, d’autant qu’une carence fonctionnelle peut être présente même lorsque les valeurs de laboratoire sont encore dans la norme (comme chez ce patient). Les directives KDIGO de 2012 prévoient – avant d’administrer un ASE à un tel patient – qu’un traitement d’épreuve par fer i.v. soit entrepris. Les valeurs limites sont une ferritine 500 ng/ml ou une TSAT 30 %. Par ailleurs‚ nous savons depuis l’étude CHOIR3 que la mortalité peut être plus élevée sous ASE.
Quelles propriétés considérez-vous lors du choix de la préparation de fer i.v. ?
L’important, à mon avis, est une bonne tolérance liée à un profil de sécurité favorable.
Considérez-vous comme obsolète l’administration de fer par voie orale chez les patients avec une IRC et une anémie rénale ?
Certainement – et pour plusieurs raisons : avec le traitement oral, il faut bien trop de temps pour reconstituer les réserves de fer. En outre, la mauvaise tolérance gastro-intestinale ne favorise pas l’observance et, de toute manière, la biodisponibilité du fer oral est limitée chez les patients souffrant d’IRC.
Comment jugez-vous la sécurité et la tolérance du carboxymaltose ferrique ?
Nous utilisons le carboxymaltose ferrique depuis plus de quatre ans désormais et nous pouvons attester de la sécurité et de la bonne tolérance de ce complexe martial. Le patient présenté ici a lui aussi été traité par du carboxymaltose ferrique. Il est en outre possible d’administrer en peu de temps une dose élevée et/ou flexible, ce qui simplifie considérablement la correction de l’anémie et contribue à une bonne observance.
Quelle est, à votre avis, la place du traitement martial chez les patients avec IRC non dialysés ?
Les patients en prédialyse profitent d’une correction de l’anémie rénale car leur qualité de vie s’améliore et ils se sentent plus performants et plus à même de faire face aux exigences de la vie quotidienne.
Merci pour cet entretien enrichissant
Etudes sur la question
- La carence martiale constitue un facteur de risque de mortalité plus élevé lors d’IRC.1
- Avant d’envisager un traitement par un ASE, il convient d’épuiser toutes les possibilités de correction de l’anémie, y compris la correction de la carence martiale.2
- Les patients avec IRC traités par de l’EPO en vue de corriger l’anémie présentaient un risque cardiovasculaire plus élevé lorsqu’une Hb cible supérieure à 113 g/l était visée.3
- Une étude menée chez des patients IRC non dialysés et présentant une carence en fer a clairement montré que la correction de l’anémie par 1000 mg de carboxymaltose ferrique était plus efficace et mieux tolérée qu’un traitement martial oral.4
- Kovesdy CP et al., CJASN 2009; 4: 435-441
- Kidney International Supplements 2012; 2: 283-287. www.kidney-international.org
- Singh AK et al., N Engl J Med 2006; 355: 2085-2098
- Qunibi WY et al., Nephrol Dial Transplant 2010. Doi: 10/1093/ndt/gfq613
Notre expert :
Le Dr Dimitrios Tsinalis
Néphrologie,
Hôpital cantonal de Saint-Gall
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