Ce qu’il faut savoir sur la gale
Le sarcopte de la gale, un parasite ancestral, fait de nouveau parler de lui et sa prolifération suscite une inquiétude croissante. Lors d’une manifestation de formation continue*, le Dr Martin Theiler Pang, PD, médecin-chef, Centre de dermatologie pédiatrique, Hôpital universitaire de pédiatrie, Zurich, a fait le point les aspects essentiels concernant la transmission, les symptômes et la prise en charge de cette infection opiniâtre.

La transmission de la gale humaine (aussi appelée scabiose) – due à l’acarien Sarcoptes scabiei var hominis – se fait presque exclusivement par contact cutané. Une brève poignée de main ou une étreinte ne suffisent pas, un contact cutané étroit et prolongé d’au moins cinq à dix minutes étant nécessaire. « Cette information est particulièrement importante dans la communication avec les familles ou les structures d’accueil concernées », a souligné le spécialiste.
Les minuscules acariens sont à peine visibles à l’œil nu, apparaissant sous forme de points blancs. Les pattes ou autres détails sont invisibles, ce qui complique le diagnostic.
Transmission et symptômes de la gale
Les symptômes n’apparaissent souvent que deux à six semaines après la contamination. C’est seulement à ce moment-là que l’organisme réagit aux antigènes des acariens. « Cela signifie qu’il y a aussi des porteurs asymptomatiques qui doivent être traités pour éviter une propagation plus large ». Les symptômes typiques sont des éruptions cutanées et des papules sources de prurit qui peuvent facilement être confondues avec l’eczéma atopique. Chez l’enfant et le nourrisson, les éruptions cutanées surviennent souvent sur la paume des mains, la plante des pieds et dans le creux axillaire, ce qui n’est pas typique de l’eczéma ectopique.
Les adolescents et adultes ont par contre des manifestations plus atypiques, les éruptions cutanées apparaissant souvent dans les espaces interdigitaux, dans la région génitale et au niveau du nombril.
Un signe caractéristique de la gale est la présence de sillons linéaires sous-cutanés. Ils sont formés par le déplacement des acariens dans les fines galeries qu’ils creusent sous la peau.
« Bien que ces galeries soient souvent difficiles à voir, elles peuvent être un indice manifeste d’infection ».
La microscopie à lumière réfléchie facilite le diagnostic
Le diagnostic se fonde en général sur l’anamnèse et les symptômes typiques comme le prurit, qui touchent souvent plusieurs membres de la famille. « Il n’est pas rare qu’une anamnèse environnementale appropriée soit ensuite nécessaire », a expliqué le Dr Theiler Pang.
En revanche, l’observation directe des acariens au moyen d’un dermatoscope est certes possible, mais pas obligatoire pour poser le diagnostic. « Cette méthode permet de reconnaître les acariens sous forme de structures triangulaires et facilite le diagnostic ». La détection est également judicieuse pour contrôler ultérieurement l’efficacité thérapeutique.
En pratique pédiatrique, la microscopie à lumière réfléchie a désormais complètement remplacé la méthode douloureuse et moins sensible de détection des acariens au microscope.
Combiner la perméthrine et l’ivermectine
Il existe plusieurs options thérapeutiques pour la gale. En Suisse, la perméthrine (crème à 5 %) et l’ivermectine par voie orale sont notamment utilisées. La plupart du temps, les deux sont combinées, car le seul traitement topique ne suffit souvent pas.
Le traitement est administré à deux reprises – à sept à dix jours d’intervalle. Si des acariens sont encore détectables, un traitement de deuxième ligne est recommandé. Il consiste généralement en une nouvelle dose d’ivermectine associée à un agent topique (p. ex. benzoate de benzyle ou crotamiton chez les nourrissons).
Contrôle 2–3 semaines après traitement
Selon le spécialiste, une attention particulière sera accordée au traitement des nourrissons. Dans les familles atteintes, l’infestation est souvent particulièrement sévère chez eux en raison notamment des contacts physiques étroits. « Bien que l’ivermectine ne soit pas autorisée chez l’enfant de moins de 15 kg, de nombreuses données soutiennent son utilisation à partir d’un poids corporel de cinq kilos », a expliqué l’expert. C’est la raison pour laquelle le médicament est également habituellement utilisé chez le nourrisson.
Après un traitement réussi, les symptômes peuvent persister quelques semaines. Un contrôle deux à trois semaines après la fin du traitement permettra de documenter le succès thérapeutique. En cas de persistance de l’infestation, il existe des consultations spéciales mises en place en collaboration avec le service du médecin cantonal. Elles sont destinées à garantir un conseil et une prise en charge globale.
Toujours traiter les personnes contact
Un aspect central de la lutte contre la gale est le traitement des personnes en contact avec le patient. Toute personne qui a eu un contact cutané étroit avec une personne contaminée au cours des six dernières semaines devra également être traitées, même si elle est asymptomatique. Cela concerne principalement les membres de la famille, les personnes qui s’occupent des enfants et les parents proches.
Outre le traitement médicamenteux, il est important de décontaminer soigneusement l’environnement du patient. Literie, vêtements et serviettes récemment utilisés doivent être lavés à 60 °C et désinfectés pour prévenir toute réinfestation.
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