9 nov. 2025Regarder, mais sans toucher !

Plantes toxiques pour la peau : les espèces les plus dangereuses

En Europe de l’Ouest, on trouve aussi des plantes hautement toxiques, parfois mortelles, dont quelques-unes aussi bien dans la nature que dans les jardins et les jardins d’hiver. Même creuser la terre à proximité de ces plantes peut entraîner des intoxications.

L'Aconitum napellus, également appelé capuchon de moine, est une espèce de plante à fleurs du genre Aconitum de la
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Les dangers, les symptômes et le traitement des intoxications transcutanées par des plantes dermotoxiques de nos régions devraient être connus et maîtrisés, en particulier par les dermatologues », a souligné le Dr Andreas Montag, dermatologue installé à Hambourg, en marge du dernier congrès de la Société allemande de dermatologie.

Intoxications cutanées : un risque fréquent et souvent sous-estimé

En Allemagne, les plantes sont la troisième cause d’intoxication (15 %), juste derrière les médicaments (32 %) et les produits chimiques (24 %). Les intoxications par les champignons sont dix fois moins fréquentes.

« Lorsqu’un patient consulte en raison d’un contact avec des plantes toxiques, ce contact a en général été prolongé et étroit », a expliqué l’intervenant. Le fait que l’intoxication se limite à la peau ou qu’il y ait des réactions systémiques dépend de la dose, du temps d’exposition, de la puissance de l’effet, de la résorbabilité et du métabolisme. La nature de la peau est également un facteur important.

Certains poisons végétaux sont si puissants que l’absorption transcutanée peut suffire pour provoquer des symptômes d’intoxication cliniquement manifestes dans l’organisme humain. Dans ce contexte, les six principales plantes en Europe centrale sont :

  • l’aconit ;
  • belladone ;
  • trompette du jugement ;
  • grande ciguë ;
  • datura officinal (stramoine) ;
  • vératre blanc.

Aconit

L’aconit (Aconitum napellus) est considéré comme la plante la plus toxique d’Europe centrale. Un contact cutané prolongé suffit pour s’intoxiquer avec l’aconitine, un alcaloïde diterpénique. Toutes les parties de la plante, y compris les graines et les racines, sont toxiques. Même creuser la terre à proximité de la plante peut entraîner une intoxication, a souligné le spécialiste. L’aconitine ralentit l’inactivation des canaux sodiques voltage-dépendants. Sur les nerfs moteurs et sensitifs, elle a d’abord un effet excitant, puis paralysant. Il en résulte une arythmie, une bradycardie et, à partir d’une dose de 2 mg, un arrêt cardiaque en diastole.
« Le traitement anticholinergique d’une intoxication transcutanée fait appel à l’atropine. La Novocaïne ® (chlorhydrate de procaïne) inhibe les fibrillations cardiaques provoquées par l’aconitine », a expliqué le Dr Montag. L’administration d’atropine (1-2 mg i.v. ou i.m.) peut être, le cas échéant, répétée toutes les une à quatre heures, la Novocaïne ® (50 ml à 0,1 %) est administrée par perfusion lente.

Belladone

Les alcaloïdes tropaniques (L-hyo-scyamine, atropine, scopolamine) des Solanacées telles que la belladone (Atropa belladonna) entraînent un syndrome anticholinergique qui se manifeste notamment par un flush, une peau sèche, une mydriase, une sécheresse buccale, une tachycardie, des hallucinations et une hyperthermie. « Mais la caractéristique particulière d’une intoxication à la belladone est l’excitation psychomotrice », a souligné le Dr Montag. Le traitement des intoxications transcutanées fait appel à l’inhibiteur de la cholinestérase physostigmine (1-2 mg i. v. ;  maximum 0,5 mg chez l’enfant). Les patients peuvent être en outre refroidis physiquement (pas d’antipyrétiques !) et, le cas échéant, recevoir des benzodiazépines.

Trompette du jugement

S’agissant également d’une Solanacée, la procédure thérapeutique en cas d’intoxication transcutanée à la trompette du jugement ou trompette des anges (Brugmansia sp.) est comparable à celle pour les intoxications à la belladone. Les composants du poison, et donc les symptômes, sont pratiquement identiques. « Contrairement à la belladone, l’intoxication à la trompette des anges ne provoque pas d’excitation, mais une atténuation », a expliqué le spécialiste.

Grande ciguë

La conine de la grande ciguë (Conium maculatum) a un effet neurotoxique central et périphérique. Les intoxications transcutanées se manifestent notamment par une hypersalivation, des nausées, des vomissements et des diarrhées ainsi que par une paralysie respiratoire.
La victime la plus connue d’un empoisonnement à la conine –certes par voie orale – est sans doute Socrate, qui a été condamné à mort par ingestion d’une solution à base de suc de ciguë. Le breuvage devait contenir env. 500 mg d’amine. Cette dose entraîne une paralysie létale des muscles respiratoires auxiliaires en l’espace de 30 à 60 minutes, la mort survenant en pleine conscience. En cas d’intoxication, le traitement symptomatique est prioritaire. « Dès les premiers signes de paralysie des muscles respiratoires auxiliaires, la respiration artificielle est inéluctable ». La survenue d’une insuffisance rénale aiguë nécessite une dialyse.

Datura officinal

L’intoxication transcutanée par le datura officinal (Datura stramonium), aussi appelé stramoine commune – également une Solanacée – est due aux alcaloïdes tropaniques déjà mentionnés. Les symptômes sont comparables à ceux de l’intoxication à la belladone, y compris l’excitation psychomotrice provoquée par la L-hyoscyamine. Le traitement est par conséquent analogue.

Vérâtre blanc

Le vérâtre blanc (Veratum album), une plante boréo-montagnarde originaire d’Europe centrale, contient des alcaloïdes stéroïdiens qui, en cas d’absorption transcutanée, peuvent provoquer une hyperémèse, une déshydratation, une bradycardie, une hypotension et une hyperthermie. « La mort ne survient qu’après l’ingestion de grandes quantités », a précisé le Dr Montag. En cas d’intoxication, le traitement consiste à administrer des anticholinergiques (p. ex. atropine 0,5-1,0 mg toutes les deux à cinq minutes jusqu’à la dose maximale de 0,04 mg/kg) et des anti-arythmiques (p. ex. lidocaïne). En cas de début de paralysie respiratoire, les patients sont mis sous respiration artificielle.

Après l’absorption orale des plantes toxiques mentionnées, un lavage gastrique avec du permanganate de potassium (300–500 mg) ou du tanin (1000–1200 mg) est en outre indiqué, dans les deux cas dans 1 à 2 litres d’eau. La thérapie peut être complétée par du charbon médicinal.