La phytothérapie contre les problèmes liés aux médicaments chez les seniors
La polymédication est fréquente tant chez les patients âgés que chez les patients jeunes, mais les séniors sont encore plus sensibles aux effets indésirables. Ils tireront par conséquent un plus grand bénéfice des alternatives efficaces à base de plantes.
Les substances potentiellement inappropriées chez les patients de 65 ans et plus sont appelées PIMs (Potentially inappropriate medications).
Depuis 2022, un groupe d’experts actualisé la liste des PIMs (PRISCUS 2.0), qui comprend 187 substances actives. Les préparations à base de plantes ne sont que très rarement classées comme PIMs. En raison de son grand potentiel d’interactions, le millepertuis en est un exemple. Inversement, certains produits phytothérapeutiques sont recommandés comme alternatives aux PIMs dans PRISCUS 2.0 (voir tableau).
Par rapport aux médicaments de la médecine conventionnelle, les études cliniques sur les médicaments à base de plantes ne sont pas légion. « Il n’y a tout simplement pas de fond suffisants pour cela », a expliqué le Pr Karin Kraft, Hôpitaux universitaires, Rostock. La présidente de la Société de phytothérapie e.V. a néanmoins présenté quelques résultats d’études.
Traitement adjuvant pour les infections urinaires
Ainsi, différentes préparations combinées à base de plantes ainsi que des préparations de tisanes utilisés en traitement adjuvant en cas d’infections urinaires aiguës et récidivantes permettent de réduire l’adhésion et de la formation de biofilm de certaines bactéries.
Les mélanges de tisanes contenaient entre autres des feuilles de bouleau, de la verge d’or et de l’orthosiphon et étaient utilisés comme « thérapie par aquarèse ». L’un des avantages de cette forme de traitement est l’absence de développement de résistances, même en cas d’utilisation à long terme. En outre, les tisanes permettent de lutter contre la déshydratation, qui est plus fréquente chez les patients gériatriques, qui « oublient » de boire.
Parmi les désinfectants des voies urinaires, on trouve l’association de capucine et de racine de raifort. Les huiles de moutarde qu’elles contiennent ont un effet anti-inflammatoire au niveau vésical et inhibent la mobilité, l’adhésion, l’invasivité ainsi que la formation de microfilm par les bactéries.
Les effets indésirables potentiels sont des troubles gastro-intestinaux. Les canneberges sont un autre remède à base de plantes souvent recommandé contre les infections urinaires. Cependant, une revue Cochrane sur des résidents en EMS n’a révélé que peu ou pas de bénéfice.
Myrtol + traitement standard dans la BPCO
Les patients BPCO plus âgés peuvent tire bénéfice du myrtol en traitement adjuvant. Ce sécrétolytique contient plusieurs huiles essentielles. Dans des études cliniques menées en Chine, il a permis d’améliorer le VEMS et les valeurs de la gazométrie sanguine dans la BPCO en cas d’exacerbation aiguë ou de bronchite chronique par rapport au traitement standard par antibiotiques et oxygénothérapie seuls.
Le trouble cognitif léger (MCI) est considéré comme un précurseur de la démence. Les antidépresseurs sont contre-indiqués en cas de MCI. Cependant, une revue systématique a montré que la monothérapie par l’extrait spécial de Ginkgo biloba EGb 761 améliore la cognition tout en soulageant les symptômes dépressifs et anxieux. Les craintes d’une augmentation potentielle du risque de saignement en cas de prise de Ginkgo biloba sont infondées, selon les études actuelles.
Chez la personne âgée, les troubles anxieux subsyndromiques (TASS) sont plus fréquents que les troubles anxieux généralisés ou les dépressions avec anxiété concomitante. Dans la CIM, ils sont référencés sous le code R45.1 : agitation et excitation. L’huile essentielle de lavande concentrée peut contribuer à lutter contre ces troubles. Contrairement aux benzodiazépines, elle n’entraîne pas de dépendance.
L’huile de lavande contre les états anxieux
Selon une méta-analyse, le phytopharmaceutique entraîne une réduction cliniquement significative du score total sur l’échelle d’anxiété de Hamilton. Il n’y a pas de symptômes de sevrage ni de potentiel d’interaction à craindre, « mais de temps en temps, la préparation peut entraîner des troubles gastriques », a expliqué l’intervenante.
D’une manière générale, il faut savoir que de nombreux patients gériatriques ont recours à l’automédication pour s’éviter d’incessantes consultations – notamment à cause du risque de contagion en salle d’attente. Il en résulte une prise de substances potentiellement inadaptées et un suivi thérapeutique plus délicat. Chez les plus de 65 ans, les principales raisons de l’achat de phytomédicaments sont les troubles mnésiques, les troubles gastro-intestinaux, l’agitation intérieure ainsi que les refroidissements.
Phytothérapie vs PIM chez le patient âgé
Indication | Médication potentiellement inadéquate | Alternative à base de plante |
Constipation | Sennosides, paraffine visqueuse, picosulfate de sodium | Psyllium |
Nausées | Diménhydrinate, métoclopramide, dompéridone | Poudre de racine de gingembre, différentes préparations à base de plantes multicomposantes |
Troubles post-ménopause | Œstrogènes p.o. | Actée à grappes noires |
Troubles anxieux, agitation, troubles du sommeil | Anxiolytiques, sédatifs, hypnotiques (benzodiazépines, hydrate de chloral, substances en Z, antihistaminiques) | Valériane, lavande, passiflore |
Humeur dépressive et dépression légère à modérée | Millepertuis | Valériane |