18 oct. 2024Un schéma de classification et d’aide au traitement

Douleurs oro-faciales redéfinies

Jusqu’à présent, les douleurs oro-faciales avaient des définitions multiples. Une classification internationale devrait faciliter le diagnostic et permettre un traitement spécifique, comme cela a déjà été fait pour les céphalées.

Une classification internationale pour les douleurs oro-faciales facilitera le diagnostic et le traitement.
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L’ancienne classification en névralgie du trijumeau et douleurs atypiques de la bouche et du visage est désormais dépassée.

Douleurs chroniques : Définition et critères diagnostiques

La Classification internationale de la douleur oro-faciale (ICOP, International Classification of Orofacial Pain) tient compte de l’état actuel des connaissances, expliquent le Dr Charly Gaul, PD, Centre des céphalées de Francfort et le Dr Frank Sanner, dentiste établi à Francfort (1).

La région oro-faciale est définie comme étant la zone située sous la ligne orbito-méatale, au-dessus du cou et devant l’oreille. Les douleurs sont considérées comme chroniques lorsqu’elles sont présentes plus de 15 jours par mois sur une période de plus de trois mois. Selon la classification ces douleurs durent plus de deux heures sur une période de plus de trois mois.

La limite de deux heures pour la durée des crises ne s’applique toutefois pas aux syndromes qui ont été repris tels quels de la classification internationale des céphalées (ICHD-3) sur laquelle ils se fondent – tels que l’hémicrânie paroxystique.

De la migraine à la céphalée en grappe : Parallèles et distinctions dans la région faciale

L’avantage est qu’il est désormais possible de définir des troubles oro-faciaux dont les symptômes correspondent à ceux des céphalées primaires mais qui se manifestent au niveau de la face. Les variantes correspondantes de migraines et de céphalées en grappes ont une importance clinique. La procédure selon la nouvelle classification permet un traitement spécifique au diagnostic.

Si, par exemple, un syndrome ayant les caractéristiques temporelles d’une migraine se manifeste mais, en lieu et place d’une céphalée hémiplégique, se manifeste au niveau la bouche, le patient peut recevoir un traitement aigu par un triptan et préventivement par un bêtabloquant ou un autre traitement prophylactique. Les critères diagnostiques d’une migraine oro-faciale ont été repris de la migraine. Contrairement à la classification des céphalées, l’ICOP parle de douleur faciale et/ou intrabuccale sans céphalée.

Il en va de même pour les céphalées en grappes, où les douleurs irradient souvent vers la mâchoire supérieure ou y sont principalement localisées. Mais ce phénomène était jusqu’à présent mal connu.

C’est la raison pour laquelle plus de 20 % des patients déclarent s’être fait extraire des dents avant même que le bon diagnostic ne soit posé. Dans le cas du cluster oro-facial, les crises peuvent être moins sévères et durer plus ou moins longtemps que dans le cas des céphalées en grappes. Parfois, les symptômes autonomes sont moins marqués ou se manifestent différemment que dans le syndrome de Bing-Horton classique.

Le syndrome de la bouche en feu : Défis diagnostiques et thérapeutiques

Des critères diagnostiques clairs sont désormais clairement formulés pour les brûlures de la langue, qui ne sont pas rares. Cette affection représente un défi diagnostique et thérapeutique considérable en pratique quotidienne, d’autant plus qu’une neuropathie est souvent suspectée à tort.

Le syndrome de la bouche en feu se caractérise par des sensations de brûlures intra-orales ou des troubles de la sensibilité récidivants d’une durée de deux heures sur une période de plus de trois mois. L’examen clinique ne met pas d’autres lésions sous-jacentes en évidence. La douleur est à type de brûlure et est ressentie à la surface de la muqueuse buccale. La muqueuse ne semble pas altérée et les causes locales ou systémiques de la douleur ont été exclues.

Le modèle biopsychosocial : Une approche globale des douleurs oro-faciales

Le modèle explicatif biopsychosocial établi depuis de nombreuses années est désormais également utilisé pour le diagnostic des douleurs bucco-faciales.

En complément, des outils diagnostiques tels que la description de la douleur et des questionnaires sont recommandés. Les handicaps dans tous les domaines de la vie et une éventuelle comorbidité psychique devront également être recherchés de manière ciblée pour permettre une prise en charge (de la douleur) psychologique efficace.