26 avr. 2024Plus l'infection est grave, plus les symptômes cognitifs sont importants

Des dysfonctionnements cognitifs persistants post-Covid-19

Certains patients atteints de COVID-19 se plaignent encore de troubles cognitifs et de la concentration plusieurs mois après l’infection. De nouvelles études montrent que ce ne sont pas des cas isolés.

De nombreux patients restent atteints de troubles cognitifs longtemps après le COVID-19.
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Deux équipes de scientifiques, l’une britannique, l’autre norvégienne, se ont analysé les capacités cognitives après infection par le COVID-19.

En Grande-Bretagne, 800 000 membres de la cohorte REACT (Real-time Assessment of Community Transmission Study) ont été invités à participer à une étude d’observation, 112 946 y ont pris part. Leurs capacités cognitives ont été évaluées en ligne. Les sujets dont les symptômes de COVID avaient disparu en l’espace de quatre ou douze semaines présentaient de légers déficits cognitifs par rapport aux sujets non infectés du groupe contrôle. Ces déficits correspondaient à une baisse de trois points du QI, selon le Dr Adam Hampshire, Imperial College, Londres.

Le virus B.1.1.7 WT, plus coriace

Les troubles persistants ont entraîné des pertes plus importantes, analogues à une réduction de six points de QI. La sévérité de la maladie infectieuse a également eu une influence :  la nécessité d’un traitement hospitalier s’est accompagnée d’une nette dégradation de la cognition (comparable à une perte de neuf points de QI). La mémoire, le raisonnement logique et les fonctions exécutives étaient les plus touchés.

La variante du virus a également joué un rôle :  les personnes infectées pendant la phase initiale de la pandémie, lorsque le virus de type sauvage ou B.1.1.7 (variante alpha) dominait, présentaient les déficits les plus importants.

La mémoire aussi en souffre

Un groupe de chercheurs norvégiens a évalué les données de 111 992 participants à une étude de cohorte nationale prospective. La mémoire des patients a été évaluée à l’aide du questionnaire EMQ (Everyday Memory Questionnaire) à différents moments avant et jusqu’à 36 mois après les tests de détection de l’infection par le SARS-CoV-2.

57 319 participants ont été testés positifs, rapportent le Dr Merete Ellingjord-Dale, hôpital universitaire d’Oslo, et ses collègues. Ceux dont l’infection a été confirmée avaient en moyenne, à tout moment après le test de dépistage, plus de points EMQ et donc plus de troubles mnésiques que ceux dont le résultat était négatif. Avant le test, les résultats ne différaient pas entre les deux groupes.

Examen neuropsychologique recommandé après six mois

Que signifient ces résultats pour la pratique ? Emma Ladds, Nuffield Department of Primary Care Health Sciences, Université d’Oxford, et ses collègues écrivent qu’il n’existe pas encore de méthode spécifique pour détecter les troubles cognitifs chez les patients atteints de Covid long.

Selon eux, il est d’abord important d’exclure d’autres maladies nécessitant un traitement d’urgence. Le National Institute for Health and Care Excellence britannique recommande un examen neuropsychologique après six mois si les symptômes ne se sont pas améliorés ou se sont aggravés. Des méthodes simples comme le Montreal Cognitive Assessment (MoCA) conviennent à cet effet. Il faut aussi noter que certaines personnes dont l’état initial est bon obtiennent des scores normaux malgré un déclin cognitif.

De nombreux patients qui ont déjà derrière eux une véritable odyssée à la recherche d’options thérapeutiques sont heureux d’avoir un médecin de famille qui les accompagne avec empathie et sur la durée.

Des symptômes souvent fluctuants

Dans ce contexte, il est important de favoriser le retour au travail, qui est souvent empêché par une symptomatologie fluctuante. Les éventuelles comorbidités telles que le diabète et l’hypertension doivent être traitées, notamment parce que cela peut potentiellement être bénéfique pour la fonction cognitive.

Quel est le pronostic en cas de déficits cognitifs après une infection par le SARS-CoV-2 ? Différentes études concluent que les symptômes s’améliorent en général, mais qu’il peut s’écouler un an jusqu’à régression complète. Si les symptômes persistent plus de douze mois, la probabilitàé de guérison est nettement plus faibles.