25 nov. 2025Mucoviscidose

Mucoviscidose du nourrisson : l’azithromycine réduit les exacerbations

L’administration précoce d’azithromycine à des nourrissons atteints de mucoviscidose n’a pas eu d’effet sur la structure pulonairemons mais semble réduire l’inflammation, les exacerbations et les hospitalisations, suggèrent les résultats d’un essai clinique international.

L'obstétricien examine le nouveau-né
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La mucoviscidose est une maladie progressive qui se développe dès la naissance, avec notamment une sécrétion de mucus épais dans les poumons, une inflammation neutrophilique et des infections respiratoires basses.

L’aggravation de la maladie pulmonaire favorise les exacerbations et les hospitalisations et altère la qualité de vie, rappellent le Pr Stephen Stick, Telethon Kids Institute, Perth, Australie, et ses collègues dans le Lancet Respiratory Medicine.

Le dépistage de la mucoviscidose chez les nouveau-nés étant devenue une pratique courante, elle offre des opportunités pour des interventions précoces. Dans cette étude, les chercheurs ont évalué l’effet de l’azithromycine, un antibiotique macrolide qui possède des propriétés anti-inflammatoires sur les lésions pulmonaires structurelles associées au développement de la mucoviscidose habituellement observées au scanner thoracique chez les enfants de 36 mois.
À la connaissance des chercheurs, il s’agit du premier essai clinique randomisé contrôlé évaluant un traitement à visée anti-inflammatoire dans le but de prévenir des lésions pulmonaires progressives chez des nouveau-nés ayant une mucoviscidose.

Dans cette étude de phase III menée en Australie et en Nouvelle-Zélande, ils ont inclus 130 nouveau-nés avec un diagnostic de mucoviscidose confirmé après dépistage puis les ont randomisés en double insu entre l’azithromycine 10 mg/kg par voie orale, trois fois par semaine, et un placebo jusqu’à leurs 36 mois.

L’azithromycine peut-elle ralentir l’atteinte pulmonaire ?

À l’inclusion, les enfants avaient 3,3 mois en médiane. L’observance thérapeutique a été globalement bonne. À l’issue de l’étude, un scanner thoracique a pu être réalisé chez 57 des 68 enfants sous azithromycine et 47 des 62 sous placebo. À 36 mois, le critère principal d’évaluation sur le score PRAGMA-GF de l’atteinte structurelle pulmonaire n’a pas été pas atteint. 88 % des enfants traités par azithromycine et 94 % du groupe placebo avaient développé une bronchiectasie et une proportion de 0,73 % vs 0,74 % du poumon était touché par la maladie, des différences statistiquement non significatives.

Cependant, les résultats pour les critères secondaires étaient en faveur de l’azithromycine. Les enfants traités par l’antibiotique ont passé en moyenne 6,3 jours en moins à l’hôpital pour des exacerbations pulmonaires que ceux du groupe contrôle, ont reçu moins d’antibiotiques par voie intraveineuse (0,2 jour sur un an vs 6,7 jours) ou par voie orale ou inhalée (ratio des taux d’incidence de 0,9).

Le ratio des taux d’incidence des exacerbations pulmonaires était de 0,52 en faveur de l’azithromycine au cours de la première année de traitement. Les deux années suivantes, il était encore en faveur de l’azithromycine mais sans être significatif.

Une question de bien-être physique

Bien que les parents n’ont pas rapporté d’amélioration significative de la qualité de vie, les scores de bien-être physique étaient significativement meilleurs sous azithromycine, qui a été globalement bien toléré. Trois enfants, dont deux sous azithromycine, ont quitté l’étude prématurément à cause d’une élévation du taux d’enzymes hépatiques, ce qui a été considéré comme possiblement en lien avec le traitement.

Globalement, ces résultats montrent que l’azithromycine ne permet pas de réduire l’étendue des lésions structurelles de la mucoviscidose chez les enfants à leurs 36 mois mais semble avoir des effets bénéfiques, notamment sur les hospitalisations pour exacerbations pulmonaires. Les chercheurs suggèrent d’évaluer cette approche plus avant pour la prise en charge précoce des enfants atteints de mucoviscidose.