Hyperhidrose : plus qu’une poignée de main moite
Les personnes atteintes d’hyperhidrose se voient trop rarement proposer un traitement adapté. Il existe pourtant toute une série d’options permettant de réduire l’excès de sueur et de retrouver une peau sèche.

L’hyperhidrose est une affection assez répandue. Aux États-Unis, on estime qu’environ 5 % de la population en est atteinte.
Cependant, cette maladie est beaucoup trop rarement diagnostiquée, écrivent le Dr Mitchell Lycett, et le Pr Karl Keow Ng, tout deux du Royal North Shore Hospital, Sydney. Cela tient également aux personnes elles-mêmes, moins de la moitié d’entre elles consultant un médecin. Dans les faits, une personne sur deux ayant une hyperhidrose estime que cette maladie affecte sa qualité de vie.
Un fardeau social visible au quotidien
Les conséquences perceptibles pour les autres, telles que les taches de transpiration sur les vêtements ou une odeur corporelle désagréable, sont source de gêne pour les personnes atteintes. Au travail, les problèmes sont souvent exacerbés par des situations anxiogènes, comme faire une présentation. Dans le cas de l’hyper-hidrose palmaire focale, les paumes moites rendent difficile la préhension d’objets ou l’écriture. De nombreuses personnes atteintes évitent les contacts sociaux et intimes. La transpiration excessive pouvant entraîner des irritations et des infections est également un défi pour la peau.
L’hyperhidrose idiopathique survient en général à l’âge adulte. Elle se présente principalement sous une forme focale, le plus souvent au niveau des aisselles, les paumes des mains étant la deuxième localisation la plus fréquente. Il y a une prédisposition familiale, mais pas de cause monogénétique identifiable. L’hyper-hidrose secondaire est beaucoup plus rare (voir encadré). Les formes secondaires sont en général généralisées et ne surviennent pas avant 25 ans. La transpiration nocturne est typique. En cas d’hyperhidrose, il y a une hypertrophie des glandes sudoripares eccrines, qui conservent toutefois une ultrastructure normale. L’échelle de sévérité de l’hyperhidrose (HDSS) à quatre points est la mieux adaptée pour l’évaluation clinique.
Les traitements topiques sont la première option dans la prise en charge de la maladie, en particulier en cas de manifestations focales. Avec des taux de réponse pouvant atteindre 98 %, les antisudorifiques contenant 15 à 25 % de chlorure d’aluminium se sont montrés très efficaces. Les produits disponibles dans le commerce ne contiennent que 1 à 2 %. Les sels d’aluminium réagissent avec les mucopolysaccharides présents dans les canaux excréteurs des glandes sudoripares eccrines. Cela entraîne la formation de bouchons qui obstruent les canaux excréteurs.
L’effet des déodorants est légèrement retardé
Les déodorants doivent être appliqués régulièrement tous les un à deux jours, de préférence le soir, lorsque la transpiration est faible. De nombreux patients signalent des irritations cutanées, ou du moins un léger prurit au site d’application. Cet effet secondaire s’atténue toutefois avec le temps. L’efficacité du traitement se manifeste en général après une à deux semaines d’utilisation.
Le glycopyrrolate, un antagoniste anticholinergique de la muscarine, est une autre option. Il existe sous forme de lingettes imprégnées ou de crèmes topiques. Des taux de réponse supérieurs à 60 % ont été rapportés. Les effets secondaires anticholinergiques ne sont toutefois pas rares.
En cas d’hyperhidrose généralisée et craniofaciale, les médicaments oraux sont considérés comme le traitement de choix. Les antagonistes muscariniques tels que le glycopyrrolate et l’oxybutynine sont utilisés en première intention, avec des taux de réponse supérieurs à 70 %. Les effets indésirables anticholinergiques sont un peu plus fréquents qu’avec la forme topique. Pour les personnes qui n’ont une hypersudation que dans des situations de stress, le propranolol est une option à prendre régulièrement ou au besoin. Les bêtabloquants peuvent également être envisagés dans le cas de l’hyperhidrose craniofaciale, tout comme la clonidine.
Jusqu’à 90 % des personnes ayant une hyperhidrose palmaire ou plantaire tirent profit d’une électrothérapie à basse fréquence sous forme d’ionophorèse. Au début, celle-ci est appliquée tous les deux jours pendant 20 à 30 minutes dans un bain d’eau, puis à une fréquence moindre par la suite. Le mécanisme d’action de cette méthode reste à éclaircir.
Options de deuxième ligne et interventions invasives
En l’absence de réponse à ces traitements, l’hyperhidrose focale peut également être traitée par des injections de toxine botulique, de préférence dans la zone de jonction dermo-épidermique. La procédure étant désagréable au niveau des paumes, les auteurs recommandent de la réaliser sous sédation. L’effet dure entre six et neuf mois. Une diffusion de la toxine botulique dans les muscles voisins peut provoquer une faiblesse musculaire temporaire.
Le dernier recours est l’ablation par micro-ondes ou laser, qui détruit de manière irréversible les glandes sudoripares eccrines par la chaleur. Le système à micro-ondes, qui permet des taux de réussite allant jusqu’à 90 %, est le plus répandu. Il ne peut toutefois être utilisé qu’au niveau des aisselles, et pas en cas d’hyperhidrose palmo-plantaire.
Pour l’hyperhidrose palmaire réfractaire, il y a encore l’option de la sympathectomie thoracique endo-scopique, qui interrompt la transmission des stimulations sympathiques vers la zone ciblée. Cependant, une hyperhidrose compensatoire secondaire se développe souvent dans d’autres sites, ce qui dérange parfois davantage les personnes atteintes que le problème initial.
Causes d'hyperhidrose secondaire
- Médicamenteuses, notamment antidépresseurs (en particulier ISRS et tricycliques), neuroleptiques, inhibiteurs de l’acétylcholinestérase, opioïdes, immunosuppresseurs
- Endocrinopathies telles que diabète, hyperthyroïdie, acromégalie
- Maladies neurologiques, par exemple maladie de Parkinson, séquelles d’un accident vasculaire cérébral ou d’une lésion de la moelle épinière
- Autres pathologies systémiques telles que tumeurs malignes (notamment les lymphomes), infections chroniques et arthrites inflammatoires
Lycett M, Ng K. Internal Medicine Journal 2025; doi: 10.1111/imj.70019