27 nov. 2025Une spécificité diagnostique

Borréliose chez l’enfant

Il n’est pas toujours aisé de diagnostiquer une borréliose chez l’enfant. Un groupe de travail suisse a analysé les caractéristiques cliniques et les réponses immunitaires typiques des différentes manifestations chez les patients pédiatriques.

La borréliose présente des symptômes différents selon l’âge de l’enfant atteint.
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En Europe, environ un sixième des tiques (Ixodes ricinus) sont infectées par Borrelia burgdorferi. 3 % des personnes piquées par cette espèce de tique développeront une borréliose. Il s’agit de la maladie transmise par les tiques la plus fréquente dans l’hémisphère nord. Hormis les personnes d’une cinquantaine d’années, l’infection est particulièrement fréquente chez l’enfant de cinq à neuf ans.

Chez l’enfant, l’érythème migrant ainsi qu’un lymphocytome sont des manifestations cutanées typiques, tandis que l’acrodermatite chronique atrophiante n’apparaît que rarement. L’arthrite se développe généralement des semaines ou des mois après la piqûre et touche surtout les grosses articulations comme le genou. La neuroborréliose se manifeste d’abord par une atteinte des nerfs crâniens, une méningite lymphocytaire pouvant également survenir. En revanche, la méningoradiculite (syndrome de Bannwarth) est très rare chez l’enfant.

Des symptômes souvent mal interprétés

Le diagnostic de suspicion se fonde sur les symptômes, qui sont cependant souvent interprétés à tort, notamment chez l’enfant, comme étant une arthrite juvénile idiopathique ou une parésie faciale périphérique. La situation est encore compliquée par le fait que les symptômes apparaissent parfois avant que les anticorps de la borréliose ne soient détectables. De plus, contrairement à l’adulte, il n’y a pas de directives diagnostiques validées chez l’enfant.

Pour en savoir plus sur les caractéristiques cliniques et sérologiques de la borréliose chez l’enfant, Beat Greiter, Hôpitaux universitaires de Zurich, et ses collègues ont analysé les données de 469 personnes atteintes de la maladie et traitées dans leur clinique entre 2006 et 2020. Parmi les patients (huit ans en moyenne), 40 % avaient une neuroborréliose, 36,5 % des atteintes cutanées et 23 % de l’arthrite. Au total, 43,3 % des patients avaient compris qu’il s’agissait d’une piqûre de tique. En cas de développement subséquent de symptômes cutanés, les enfants ont été vus par un médecin après 16,5 jours en moyenne (symptômes neurologiques :  un mois ;  atteintes articulaires :  360  jours).

La plupart des cas de borréliose de Lyme ont été diagnostiqués entre mai et octobre, à l’exception de l’arthrite de Lyme, apparue à la même fréquence tout au long de l’année, touchant le plus souvent l’articulation du genou. Les symptômes cutanés ont permis de diagnostiquer la maladie principalement en juin/juillet, tandis que la neuroborréliose a connu un pic en juillet/août. Il faut l’évoquer en particulier lorsqu’un enfant est amené en consultation à cette période avec une méningite et une parésie faciale isolée, en plus de céphalées, d’une fatigue et d’un état fébrile.
Les enfants de moins de cinq ans avaient le plus souvent un érythème migrant ou un lymphocytome cutané bénin. La neuroborréliose était particulièrement fréquente entre cinq et dix ans, tandis que l’arthrite de Lyme survenait principalement après l’âge de dix ans.

Une élévation fréquente des IgM et IgG spécifiques

Une leucocytose marquée et des valeurs élevées de CRP étaient plus fréquentes en cas d’atteinte articulaire, tandis que près de 98 % des patients neurologiques avaient une pléiocytose du LCR, principalement une lymphocytose. Des IgM et/ou IgG spécifiques de Borrelia burgdorferi ont été détectées dans le sérum de 92,6 % des personnes testées. Des résultats initialement négatifs ont été observés dans 14,6 % des cas d’atteinte cutanée et dans 10,1 % des cas de neuroborréliose. Dans le cadre d’un test en deux étapes sur le sérum et le LCR après un test ELISA positif, un Westernblot a été réalisé pour détecter des anticorps spécifiques contre différents antigènes de Borrelia. Sur la base de 254 résultats des tests, des modèles d’anticorps typiques pour l’arthrite de Lyme et les manifestations cutanées (IgG contre p100, VlsE, p58, p41, p39 et p18) ainsi que pour la neuroborréliose (IgG contre VlsE, p41 et OspC) ont été identifiés.