15 oct. 2025Une association inattendue

Lipodystrophies liées aux inhibiteurs du point de contrôle immunitaire

Les inhibiteurs du point de contrôle immunitaires devenant des médicaments d’un usage de plus en plus courant, connaître leurs effets indésirables prend toute son importance. Si certains ont des conséquences limitées, les lipodystrophies constituent une exception.

Lipoatrophie périombilicale
Radschläger13/wikimedia commons

Jusqu’à 40 % des personnes sous inhibiteurs du point de contrôle immunitaire (ICI) présentent des événements indésirables liés à l’immunité (EI-immuns) qui affectent la peau. Contrairement à d’autres EI-immuns cutanés relativement connus et fréquents, la lipodystrophie (LD) ne survient que dans des cas exceptionnels.

Dans le cadre d’une série de cas, des chercheurs ont étudié les caractéristiques cliniques des lipodystrophies induites par les inhibiteurs du point de contrôle immunitaire (LD-ICI). Leur étude rétrospective multicentrique a inclus des patients qui avaient reçu au moins une dose d’un inhibiteur du point de contrôle immunitaire ciblant PD1, PD-L1 ou CTLA-4* entre 2015 et 2023.

Types de cancers et formes cliniques de lipodystrophie observées

L’évaluation a porté sur les données de 13 participants de dix centres dans cinq pays. Cinq d’entre eux avaient un mélanome primaire, trois un carcinome pulmonaire non à petites cellules, deux un carcinome rénal et un avait resp. un carcinome hépatocellulaire, un cancer du sein et un léiomyosarcome.

Une lipodystrophie locorégionale a été observée dans sept cas (une seule région), une lipodystrophie partielle dans deux cas (deux à trois régions), et une lipodystrophie généralisée dans quatre cas (plus de trois régions). Les symptômes sont apparus en moyenne après 9,4 doses d’ICI. La plupart des patients (n = 12) présentaient une fonte adipeuse rapide sans érythème ou œdème préalable. Chez un seul patient, la perte de graisse a été précédée d’érythèmes et d’œdèmes diffus des jambes. Les chercheurs ont exclut qu’un médicament autre que l'inhibiteur du point de contrôle immunitaire ait pu déclencher la lipodystrophie.

Analyses histologiques et complications métaboliques associées

Des biopsies cutanées ont été prélevées chez huit participants et ont montré une atrophie du tissu adipeux. Six échantillons présentaient un infiltrat lymphocytaire associé à des adipocytes atrophiques. Une panniculite lobulaire a été diagnostiquée chez un patient (lymphocytes autour d’adipocytes de taille normale). Dans dix cas, d’autres effets secondaires cutanés sont apparus. Il s’agissait d’éruptions cutanées (n = 6), de démangeaisons (n = 3) et de vitiligo (n = 2). En outre, des complications métaboliques sont survenues chez trois patients traités. Un cas de diabète, un cas d’hypertriglycéridémie/stéatose hépatique et un cas de thyroïdite ont été rapportés.

Cette étude donne un aperçu de la LD-ICI, un effet secondaire rare qui se caractérise par un début tardif et une progression rapide et qui entraîne souvent un changement de stratégie thérapeutique, écrivent les auteurs. Toutefois, le nombre limité de participants ne permet que de tirer des conclusions limitées sur la causalité et les associations. Elle ajoute toutefois un niveau de complexité supplémentaire au spectre varié des EI-immuns et montre qu’une dérégulation du système immunitaire peut avoir des répercussions sur le tissu adipeux.