6 oct. 2025Un risque rare mais grave pour le foie

Insuffisance hépatique fatale après automédication par herbes chinoises

Un ictère et une faiblesse marquent le début d’une insuffisance hépatique fulminante déclenchée par une automédication à base d’herbes de MTC. Malgré une transplantation, le patient décède. Ce cas illustre les risques graves de la phytothérapie et l’importance d’un transfert précoce vers un centre spécialisé.

Il y a une augmentation des cas d'insuffisance hépatique aiguë dus aux plantes médicinales chinoises.
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Un gastro-entérologue de 55 ans originaire de Chine et pratiquant la médecine traditionnelle chinoise (MTC) en Suisse, a été hospitalisé trois semaines pour un état de faiblesse et un teint caractéristique.

En raison de diarrhées et de fièvre, il avait pris du céfixime pendant cinq jours et sept herbes chinoises différentes pendant quatre mois pour renforcer son système immunitaire, rapportent le Dr Lisa van der Lely, Hôpital universitaire de Zurich, et ses collègues (1). Les résultats de laboratoire ont révélé une coagulopathie avec un INR de 2,8 (norme :  < 1,2) et des valeurs élevées de transaminases et de bilirubine. Une encéphalopathie hépatique de grade 1 a été mise en évidence.

Il n’y avait pas de maladie hépatique préalable et les symptômes s’étaient rapidement développés. L’équipe médicale a donc diagnostiqué une insuffisance hépatique aiguë. Après avoir exclu d’autres causes potentielles telles que les maladies virales (hépatite, infection à EBV ou HSV, cytomégalie), la maladie de Wilson et le déficit en alpha-1-antitrypsine, les herbes chinoises ont été mises en avant comme déclencheur le plus probable.

Environ la moitié des hépatocytes détruits

En fait, le transfert en urgence vers un centre de transplantation était indiqué. Mais le patient s’y est d’abord opposé, si bien qu’il a d’abord été traité en soins intensifs par du Fluimucil, du lactulose et de la rifaximine. La progression de l’encéphalopathie et l’augmentation du taux d’ammoniaque ont nécessité une hémodialyse. Le traitement n’a amélioré que temporairement son état, qui s’est ensuite aggravé. Finalement, l’homme a accepté une transplantation hépatique, deux mois et demi après la première manifestation de la maladie. Son propre foie explanté présentait déjà des signes histologiques de destruction du parenchyme à 50 %.

L’intervention ne s’est malheureusement pas déroulée sans complications. En raison d’hémorragies massives, il a été décidé de laisser l’abdomen ouvert après l’opération afin d’éviter un syndrome compartimental abdominal. Mais sans succès, l’organe du donneur présentait des adhérences et était mal irrigué. Une sternotomie supplémentaire n’a pas non plus apporté d’amélioration décisive. Lorsque le thorax et l’abdomen ont été refermés, le nouveau foie menaçait d’entrer en insuffisance complète. Une nouvelle transplantation s’est avérée nécessaire, mais elle n’a pu avoir lieu que six jours plus tard. Entre-temps, une coagulopathie sévère s’était installée et un thrombus s’était formé dans le ventricule droit pendant l’intervention. Un arrêt circulatoire s’en est suivi, auquel le patient n’a pas survécu.

Phytothérapie : un risque rare mais réel pour le foie

Une insuffisance hépatique aiguë est fatale dans 30 % des cas, écrivent les auteurs. Dans les pays occidentaux, une intoxication au paracétamol en est la cause la plus fréquente. Mais les phytomédicaments peuvent aussi, heureusement dans de rares cas, provoquer des lésions des cellules hépatiques. Comme ils jouissent d’une popularité croissante depuis quelques décennies, il fait de plus en plus évoquer cette cause. Malgré des noms identiques, les associations en vente libre sont souvent composés différemment. Il est donc souvent difficile de déterminer quelle herbe est en cause dans l’insuffisance hépatique. Parmi les plantes consommées dans le cas présent se trouvaient Huang Qin (Radix Scutellariæ) et Zhi Zi (Fructus Gardenia) – pour les deux, il existe des rapports de cas de toxicité hépatique.

Une transplantation hépatique peut réduire considérablement la mortalité. Toutefois, le résultat dépend de la qualité de l’organe du donneur et de l’état du receveur. Une orientation aussi précoce que possible vers un centre de transplantation peut donc sauver des vies.VS