20 sept. 2025Stratégie néoadjuvante avec un virus oncolytique

Carcinome basocellulaire : TVEC facilite la résection et évite les plasties

Le virus oncolytique TVEC a permis une régression de grands carcinomes basocellulaires avant une opération programmée. Cela a évité le recours à une plastie par lambeau ou à une greffe de peau.

Le virus oncolytique TVEC pourrait représenter une approche néoadjuvante intéressante dans le carcinome basocellulaire.
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Le virus oncolytique Talimogen Laherparepvec (TVEC) est un virus herpès simplex génétiquement modifié qui détruit de manière ciblée les cellules tumorales tout en activant le système immunitaire. Il n’est pour l’instant autorisé que pour le traitement des métastases superficielles du mélanome.

En évaluant l’efficacité du TVEC chez des patients ayant un carcinome basocellulaire de grande taille, une équipe de chercheurs de l’université de médecine et de l’hôpital général de Vienne a obtenu des résultats prometteurs (1). En effet, le TVEC a permis une réduction de la taille du carcinome basocellulaire chez l’ensemble des participants à l’étude. Une régression complète de la tumeur a même été observée chez un tiers d’entre eux.

Objectif – opération avec fermeture directe de la plaie

Dix-huit patients ont été inclus dans l’étude de phase II publiée dans la revue Nature Cancer. Tous auraient nécessité une plastie par lambeau ou une greffe cutanée en raison de la taille et de la localisation du carcinome basocellulaire. Ils ont reçu chacun six injections intralésionnelles de TVEC sur une période de 13 semaines avant l’ablation chirurgicale de la tumeur. Chez la moitié des patients, la tumeur a pu être réduite à un point tel qu’une résection avec fermeture directe de la plaie a été possible. Dans un tiers des cas, l’examen histologique qui a suivi a même montré l’absence de cellules tumorales vivantes.

« Toutes les tumeurs traitées ont au moins diminué de taille et aucune tumeur n’a continué à croître sous l’effet du traitement », a expliqué le Pr Christoph Höller, responsable de l’étude. Le traitement a été bien toléré, selon le directeur du centre des tumeurs cutanées de la clinique universitaire de dermatologie de MedUni Wien et de l’hôpital général de Vienne. « Cette nouvelle option thérapeutique dans le traitement du carcinome basocellulaire peut non seulement simplifier l’opération, mais aussi contribuer à éviter les interventions délabrantes et les limitations fonctionnelles », a ajouté le Dr Julia Ressler, première auteure de l’étude, également de la clinique universitaire de dermatologie.

Modification du micro-environnement tumoral

En plus des examens cliniques, les chercheurs fait des analyses approfondies en coopération avec l’hôpital pédiatrique St Anna. Elles montrent que le traitement par TVEC renforce les défenses immunitaires dans le tissu tumoral. Concrètement, le TVEC a entraîné une augmentation significative des lymphocytes T cytotoxiques, des lymphocytes B et des cellules myéloïdes, ainsi qu’une diminution des lymphocytes T régulateurs au sein du microenvironnement tumoral.

Chez les personnes âgées, les carcinomes basocellulaires sont particulièrement fréquents et s’accompagnent souvent de nombreuses comorbidités. Les thérapies néoadjuvantes systémiques ne sont donc souvent pas adaptées à cette population. Les auteurs citent en exemple les inhibiteurs Hedgehog ou les inhibiteurs de points de contrôle immunitaire qui, en raison de leur profil d’effets secondaires, entraînent une diminution de l’observance et un arrêt prématuré du traitement. Grâce à son administration locale et à son profil d’effets secondaires apparemment sûr, le TVEC a montré de bons résultats. Il représente une alternative intéressante pour le traitement néoadjuvant des carcinomes basocellulaires localement avancés ou difficiles à opérer.