4 juin 2025La puberté est une phase vulnérable pour la colonne vertébrale

Douleurs dorsolombaires chez l’enfant – quand faut-il consulter un spécialiste ?

Les douleurs dorsolombaires sont fréquentes chez l’enfant et l’adolescent. Avec la puberté, elles peuvent augmenter de manière exponentielle. Lors de la manifestation Pédiatrie Update Refresher organisée dans le cadre du Forum pour la Formation médicale, le Dr Daniel Studer, PD, spécialiste en orthopédiste pédiatrique, responsable des affections de la colonne vertébrale, hôpital universitaire de pédiatrie des deux-Bâle, s’est exprimé sur le diagnostic, le traitement et le moment opportun pour faire appel à un spécialiste.

Même chez l’enfant, il est important de penser à prévenir la chronicisation des douleurs dorsales.
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Une poussée de croissance a lieu au début de la puberté, mais la croissance n’est pas uniforme sur tout le corps. Juste avant la puberté, on observe une croissance accélérée des extrémités et, dans les deux derniers tiers de la puberté, de la colonne vertébrale.

« Au cours de cette dernière, les zones de croissance sont mécaniquement plus fragiles, ce qui fait de la puberté une phase vulnérable pour la colonne vertébrale », a expliqué le spécialiste.

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Chez les filles, le pic de croissance de la colonne vertébrale se situe juste avant les premières règles. Durant cette période, les troubles de la croissance, telle la scoliose idiopathique, sont souvent nettement plus fréquents. La croissance de la colonne vertébrale est terminée environ deux ans après la ménarche. Chez les garçons, il n’existe pas de valeurs de référence fiables à ce sujet.

Pendant la croissance, le corps se trouve idéalement dans un état d’équilibre biologique. Il peut s’adapter aux influences intrinsèques (par exemple le nombre de fibres musculaires, la qualité des disques intervertébraux, des ligaments et des tendons) ainsi qu’aux influences extrinsèques (par exemple l’étendue et le type d’activités sportives), et aux changements biomécaniques liés à l’âge.

« À partir d’un volume d’entraînement de plus de six heures par semaine, la probabilité de lésions dues à une surcharge et de douleurs dorsololombaires est multipliée par deux et demi environ », a expliqué le Dr Studer. Le fait de ne pas faire de sport du tout constitue également un facteur de risque. D’autres éléments à prendre en compte sont la présence de douleurs en dehors du dos (comme des douleurs abdominales ou des maux de tête), ainsi que des antécédents familiaux positifs de maladies douloureuses.

Distinguer différents types de douleurs dorsolombaires

Dans la pratique, on distingue tout d’abord les douleurs spécifiques et non spécifiques en fonction de leur cause. On différencie également les douleurs aiguës et chroniques, ces dernières étant définies comme persistantes au-delà de trois mois. « Les douleurs dorsales non spécifiques, généralement d’origine musculaire, sont de loin les plus fréquentes. La plupart des enfants n’ont donc pas de limitations pertinentes et n’ont pas besoin d’antalgiques », a explique le Dr Studer. S’ils ne peuvent pas faire de sport ou même aller à l’école à cause de leurs douleurs, ce sont des signes d’alerte qui doivent faire l’objet d’un examen plus poussé.

« La douleur ne pouvant pas être objectivée, elle revêt donc toujours un caractère subjectif », a expliqué le spécialiste. L’anamnèse joue donc un rôle clé dans l’examen. « Elle permet déjà de faire le tri entre de nombreux diagnostics différentiels », a expliqué l’intervenant. Cela permet d’orienter l’examen et le diagnostic de manière plus ciblée.

Les douleurs aiguës cachent souvent un traumatisme, une discopathie ou une spondylolyse, les douleurs chroniques des troubles de la croissance, une maladie de Scheuermann ou encore des problèmes psychologiques. Si les douleurs apparaissent en flexion, une discopathie peut être en cause. En cas de douleurs en hyperextension, il peut s’agir d’une spondylolyse ou d’un spondylolisthésis. Si l’enfant se réveille souvent la nuit en raison des douleurs, cela permet de conclure à des processus métaboliquement actifs (p. ex. tumeur, infection/inflammation).

Investiguer de manière dynamique

Il faut toujours se renseigner sur les « Red Flags », a expliqué l’orthopédiste. Il s’agit notamment des douleurs nocturnes et irradiantes, d’une perte fonctionnelle, d’absentéisme à l’école/au sport, de la fièvre, d’un mauvais état général ainsi que des douleurs chroniques.

L’examen clinique se fera en sous-vêtements et commencera de manière dynamique (aller et retour, marcher sur les talons, sauter jambes écartées ou sur une jambe). Puis on procédera à l’examen de la mobilité de la colonne vertébrale (inclinaison, reclinaison, inclinaison latérale). On effectuera également un bref test neurologique de la force et des réflexes (y compris les réflexes abdominaux).

Les douleurs dorsolombaires non spécifiques sont de loin la raison la plus fréquente des maux de dos chez l’enfant et l’adolescent. « Elles apparaissent typiquement au niveau paravertébral thoraco-lombaire/lombaire ou dans des localisations variables et lors de sollicitations répétitives comme une position assise ou debout prolongée », a expliqué l’intervenant. Ces enfants manquent souvent d’exercice et ont donc souvent une musculature tronculaire manquant d’entraînement.

Leur état général est bon, ils n’ont pas de maladies associées, les signes d’alerte sont absents de l’anamnèse. Ils ne prennent pas ou rarement des antalgiques et l’examen clinique est sans particularité. Dans ce cas, il n’y a généralement pas besoin d’autres investigations. « Les enfants doivent faire plus d’exercice. Le cas échéant, une physiothérapie destinée à enseigner des exercices ciblés pour stimuler la musculature tronculaire et dorsale est justifiée. ». En l’absence d’amélioration dans un délai de deux à trois mois, l’enfant devra, par mesure de sécurité et afin de prévenir la chronicité, passer un examen orthopédique.

Le spécialiste en présence de signes d’alerte

En cas de suspicion de douleurs dorsolombaires spécifiques et/ou de présence de signes d’alerte, une évaluation par un spécialiste, de préférence en orthopédie pédiatrique, est pertinente. Cela est particulièrement important chez les jeunes enfants, car « plus l’enfant est jeune, plus la probabilité de trouver un corrélat morphologique expliquant les douleurs dorsales est grande, et plus il faut approfondir le diagnostic », a conclu le Dr Studer.