GLP-1 ou activité physique : deux approches face à l’obésité
L’activité physique est l’un des éléments de base de tout traitement antidiabétique et/ou anti-obésité. Cependant, de nombreux patients rechignent à faire de l’exercice. Ils préfèrent lutter contre leurs kilos en trop à grand renfort d’agonistes des récepteurs du GLP1 (GLP1-RA). Pourtant, même parmi les spécialistes, tout le monde ne s’accorde pas sur l’approche qui promet le plus de succès. Ou bien si ? C’est ce que devrait montrer un débat d’experts.

Un sujet controversé où deux voix fortes argumentent en faveur de positions opposées. Un public qui, après une série de questions critiques, vote par acclamation pour la position la plus convaincante. Tel était le but du format « Battle of Experts ». Il figurait pour la première fois cette année au programme du Congrès annuel sur le diabète.
Le Pr Christine Joisten, Haute école de sport, Cologne et le Pr Matthias Blüher, clinique universitaire de Leipzig, ont ainsi confronté leurs points de vues. La question était de savoir quelle approche permet le mieux de lutter contre la surcharge pondérale. S’agit-il de l’activité sportive ou de la « piqûre amaigrissante », c’est-à-dire les GLP1-RA, comme le liraglutide ?
Se dépenser pour brûler des calories
Pour le Pr Joisten, l’activité physique est et reste un pilier de la prise en charge du diabète de type 2. « L’activité physique a quelque chose d’universel, dans la mesure où les systèmes organiques les plus variés en tirent des avantages. » Elle libère de brefs stimuli inflammatoires qui ont un effet bénéfique tant immédiat qu’à long terme sur les systèmes organiques. Il ne s’agit pas forcément du sport tel qu’on le pratiquait à l’école. D’ailleurs, beaucoup de gens en gardent un mauvais souvenir. « L’activité physique est en effet toute forme de consommation de calories provoquée par une activité musculaire. » C’est ce qu’a souligné le spécialiste en médecine du sport et nutrition.
En bougeant, on obtiendrait des effets immédiatement perceptibles. Cela inclut non seulement l’activité sportive, mais aussi des gestes du quotidien comme monter les escaliers ou de courtes « collations d’exercice ». « On se lève plus facilement, on se sent tout simplement mieux dans son corps – et n’oublions pas la production d’endorphines ! », a déclaré le Pr Joisten. Et alors que la perte pondérale sans sport entraîne toujours une perte sensible de masse musculaire, l’exercice physique permet de préserver une meilleure composition corporelle sur le long terme. « Toutes choses que ne permet pas la prise d’un médicament ».
La combinaison pour le top du top
« Si obtenir un bénéfice maximal, associant santé physique et psychique, relève plutôt d’un équivalent de première ligue, la perte pondérale au sens strict se contentera de la ligue régionale, a expliqué le Pr Joisten. Mais des injections en lieu et place de la pratique sportive, c’est la relégation assurée. » Le top du top relèvera bien sûr d’une combinaison de sport et d’injections amaigrissantes, a résumé la spécialiste. Même si cela s’écarte de sa position stricte « pro-sport et anti-injections ».
Le Pr Matthias Blüher a visiblement eu du mal à accepter la polarisation de son rôle. Il devait défendre la thérapie exclusivement médicamenteuse. Mais en tant que responsable d’un service de prise en charge de patients obèses, il sait aussi une chose. « L’importance de la thérapie par l’exercice physique dans le diabète de type 2 est indiscutable. » « Le fait est que la plupart des patients viennent nous voir après avoir déjà tout essayé sans succès ». Dans la comparaison directe liraglutide vs sport, le traitement par GLP-1-RA s’avère plus efficace. Il entraîne une réduction plus nette de l’HbA1c et une perte pondérale plus importante. Sa conclusion, non sans humour : « Même si nos cœurs battent pour le sport, nos cerveaux devraient voter pour les injections. » Et cela, au vu des études. Mais il a également précisé : « Des données montrent qu’on obtient
des résultats encore meilleurs en combinant le tout ».
Une issue conciliante au débat d’experts
L’auditoire a salué le duel par des applaudissements. En tant que mesure isolée pour perdre du poids, le sport a certes reçu plus d’encouragements que les injections. Mais c’est la combinaison de l’activité physique et du traitement médicamenteux qui a été la plus applaudie par l’auditoire. Et même le Pr Othmar Moser, spécialiste en médecine du sport, clinique universitaire, Bayreuth, qui a animé la séance et tenté sans cesse d’arracher aux contradicteurs des déclarations aussi exclusives que possible pour l’une ou l’autre approche, s’est montré conciliant pour conclure : « Une thérapie fondée sur le mode de vie, composée d’une alimentation équilibrée et d’activité physique, soutenue par une thérapie médicamenteuse, est la mieux à même de nous maintenir en bonne santé ».
Battle of Experts : « Alimentation vs comprimé »
- Le Pr Stefan Lorkowski, nutritionniste, Université d’Iéna, et le Dr Tim Hollstein, endocrinologue, clinique universitaire du Schleswig-Holstein, se ont débattu sur le même modèle lors de la deuxième « Battle of Experts ». Alors que le Pr Lorkowski a souligné l’importance de la thérapie nutritionnelle pour réduire le cholestérol LDL, le Dr Hollstein a argumenté en faveur de la réduction des lipides par voie médicamenteuse.
- Contrairement à la pharmacothérapie, une alimentation équilibrée selon les recommandations actuelles n’a pas d’effets secondaires, a souligné le Pr Lorkowski. Il a souligné que les graisses saturées peuvent avoir des effets différents selon la composition corporelle de chacun. « Il existe en tout cas des données robustes en faveur d’une réduction efficace des lipides par la consommation de céréales».
- En revanche, le Dr Hollstein a souligné que les statines permettent une réduction du cholestérol LDL nettement plus importante que l’alimentation seule, en particulier après un événement cardiovasculaire, lorsqu’il s’agit de prévenir les récidives d’infarctus. « En outre, seul un traitement médicamenteux agressif peut réduire efficacement les plaques et améliorer la stabilité vasculaire », a-t-il souligné.
- Le Dr Hollstein s’est finalement prononcé en faveur d’un traitement précoce par statine, tandis que le Pr Lorkowski a plaidé pour un changement de régime alimentaire en première intention – même si la thérapie nutritionnelle ne permet pas de corriger toutes les erreurs et omissions du passé.
- En fin de compte, l’auditoire a également voté pour une combinaison d’adaptation du mode de vie et de traitement médicamenteux sur le thème « Alimentation vs comprimé » pour une approche globale de la prise en charge et du traitement.
Lire la suite