Prophylaxie de la migraine par un anti-CGRP
De nouvelles données en vie réelle documentent l’efficacité de l’anti-CGRP frémanézumab dans la prévention anti-migraine en pratique quotidienne. C’est ce que montrent les résultats 1 présentés lors de la dernière manifestation Migraine Trust International Symposium (MTIS).

L’étude d’observation PEARL (1) inclus des patients adultes atteints de migraines épisodiques ou chroniques et recevant du frémanézumab à raison de 225 mg par mois ou 675 mg s.c. tous les trois mois.
Résultats après 12 mois de traitement par frémanézumab
Le critère d’évaluation principal était défini comme la proportion de patients ayant obtenu une réduction d’au moins 50 % du nombre de jours de migraine mensuels sur une période de six mois après l’initiation du frémanézumab. Les critères d’évaluation secondaires comprenaient la modification des jours de migraine mensuels par rapport à la ligne de base, la prise de médication aiguë et le handicap lié à la migraine.
Cette quatrième analyse intermédiaire présente des données sur une période de traitement de ≥ 12 mois.
Les données de 1083 participants ont pu être évaluées. La plupart d’entre eux ont reçu le frémanézumab une fois par mois. Au cours des six premiers mois, 57,4 % au total ont eu une réduction d’au moins 50 % des jours de migraine mensuels (67,3 % des personnes atteintes de migraine épisodique et 52,5 % de celles atteintes de migraine chronique). Ce effet s’est maintenu sur une période de 15 mois.
De plus, on a observé des réductions persistantes du nombre de jours de migraine par mois (migraine chronique 9,8 jours, migraine épisodique 8,7 jours). Le nombre de jours où une médication aiguë contre la migraine était nécessaire a également diminué, en moyenne de 7 jours. En outre, le handicap lié à la migraine, mesuré à l’aide de différents scores, s’est amélioré.
Davantage de jours de migraine à l’arrêt du traitement
Bien que la plupart des directives recommandent un traitement continu par des anti-CGRP, les autorités de la plupart des pays fixent un arrêt du traitement après un an. L’étude PEARL a également analysé l’impact de l’arrêt et de la reprise du traitement sur les patients (2). Chez 220 patients, le traitement avait été arrêté, pour la plupart en raison de la suspension du remboursement. Le délai moyen de reprise du traitement était de 2,6 mois, période pendant laquelle le nombre de jours de migraine par mois a de nouveau augmenté.
Lors de la réintroduction du frémanézumab, le nombre de jours de migraine a baissé, mais est resté plus élevé que pendant la première période de traitement. Ainsi, 49 % (migraine épisodique) et 58,9 % (migraine chronique) ont atteint une réduction d’au moins 50 % des jours de migraine mensuels au cours des trois premiers mois de la première période de traitement, contre 35,7 % et 45,5 % resp. au cours de la deuxième période.
Selon les auteurs, les résultats remettent en question le rationnel derrière la pause prescrite dans le traitement préventif de la migraine par des anticorps CGRP et soulignent la nécessité d’un traitement continu.
Les inhibiteurs de la CGRP sont efficaces contre la migraine et la dépression
La dépression est l’une des comorbidités les plus fréquentes chez les personnes migraineuses. Les données de l’étude UNITE montrent que le traitement par frémanézumab permet non seulement de réduire le nombre de jours de migraine par mois, mais qu’il a également un effet positif sur une dépression concomitante.
Des patients de 18 à 70 ans souffrant de migraine depuis au moins douze mois (selon ICHD-3) et d’une dépression majeure ajoutée (DSM-5) avec une symptomatologie dépressive active ont participé à cette étude. Dans la partie de l’étude avec contrôle placebo et en double insu, les participants ont reçu pendant douze semaines soit un placebo, soit du frémanézumab s.c. à la dose de 225 mg/une fois par mois. Puis tous les patients (n = 330) ont reçu 675 mg de frémanézumab tous les trois mois. Sur l’ensemble de la période, on a observé une réduction continue du nombre de jours de migraine, du caractère invalidant et de la dépression, aussi bien chez les participants qui sont passés du placebo au vérum que chez ceux qui ont seulement changé de schéma posologique.
Ainsi, après douze semaines, le nombre de jours de migraine par mois a baissé de 3,4 (placebo) et de 5,4 (vérum), et après douze semaines supplémentaires, on a enregistré une diminution de 6,9 et 7,0 jours. Le score HAM-D-17 a baissé de 5,4 et 6,8 points, et après 12 semaines supplémentaires sous frémanézumab, le score a diminué de 8,4 (placebo-frémanézumab) et 7,6 points. Selon les auteurs, les résultats soutiennent un traitement continu avec le frémanézumab chez les patients souffrant de migraine et de dépression concomitante. Aucun nouveau signal de sécurité n’est apparu.
- Ashina M et al. Poster EPV-312, MTIS 2024
- Mitsikostas D et al. Impact of Fremanezumab Cessation and Reinitiation in Migraine Management: PEARL Study 4th Interim Analysis. Poster EPV.32, MTIS 2024