Photodermatoses : Reconnaître et traiter, mais aussi prévenir
C’est principalement avec les premiers rayons de soleil de l’année que certaines personnes voient apparaître sur leur décolleté et leur visage, leurs mains, leurs bras et leurs jambes une éruption cutanée carrée et prurigineuse – une photodermatose. Mais de laquelle s’agit-il et que se cache-t-il derrière cette affection ? Et comment peut-on aider les personnes concernées ?
Le coup de soleil est la réponse physiologique de la peau à un excès de soleil.
En revanche, les photodermatoses dites primaires résultent d’une réaction cutanée anormale à la lumière UV, explique le Dr Svetoslava Troyanova-Slavkova, clinique Helios Vogtland de Plauen (1).
Diagnostic des photodermatoses
Les photosensibilisateurs, qui augmentent la sensibilité de la peau à la lumière, jouent un rôle central dans la pathogenèse de ces maladies. On distingue les photodermatoses idiopathiques des maladies dont le photosensibilisateur est connu.
Les points clés du diagnostic sont
- l’anamnèse ;
- les tests de provocation.
Sur le plan thérapeutique, une stricte éviction du soleil ainsi qu’une protection contre les UV à l’aide de textiles et de produits solaires sont de rigueur. Dans presque toutes les formes, la photothérapie, qui vise à développer une tolérance à la lumière du soleil, joue un rôle important.
Les différentes formes de photodermatoses
Urticaire solaire
L’urticaire solaire ne représente qu’environ 0,08 % de l’ensemble des cas d’urticaire. Après une exposition au soleil, un photoallergène se forme, suivi d’une réaction d’hypersensibilité de type 1. Environ dix minutes après l’exposition aux UV, un érythème prurigineux accompagné de papules se développe, en particulier dans les zones exposées.
Si le corps a été exposé à la lumière sur une grande surface, un choc anaphylactique peut se produire. Des corticostéroïdes topiques ou des antihistaminiques oraux peremttent de soulager rapidement les symptômes.
Photodermatose polymorphe
La photodermatose polymorphe est également à médiation immunitaire. Elle se manifeste de différentes manières, par exemple par des papules, des vésicules et des plaques qui démangent et qui brûlent, en particulier dans les zones exposées à la lumière. Les jeunes femmes sont souvent touchées. Les symptômes apparaissent généralement quelques heures à quelques jours après une ou une première forte exposition au soleil au printemps et disparaissent généralement après une à deux semaines d’absence de soleil. En été, la tolérance est fréquente.
Sur le plan thérapeutique, il faut éviter le soleil et se protéger, ainsi que d’effectuer une photothérapie pour s’habituer à la lumière. Un traitement prophylactique de courte durée avec des corticoïdes oraux, de l’hydroxychloroquine ou certains antioxydants est possible. Des antihistaminiques peuvent être utilisés contre les démangeaisons.
Hydroa vacciniforme
L'hydroa vacciniforme est plutôt rare et se manifeste principalement au printemps ou en été. Elle touche en premier lieu les jeunes enfants (1 à 7 ans) ainsi que les adolescents post-pubères (12 à 16 ans). Il s’agit probablement d’une réaction d’hypersensibilité de type retardé à un antigène photo-induit encore inconnu. Le rôle pathogène de certains virus est également évoqué.
Dans les heures qui suivent l’exposition à la lumière, des érythèmes prurigineux ou des douleurs à type de brûlure apparaissent souvent sur le visage et le dos des mains, avec des cloques remplies de liquide pouvant atteindre 2 cm de diamètre. Celles-ci forment une croûte et guérissent en laissant des cicatrices. En cas de maladie sévère, on a recours à une corticothérapie systémique. Selon des rapports de cas isolés, la chloroquine, l’azathioprine, la ciclosporine et le bêta-carotène sont également efficaces. L’hydroa vacciniforme peut évoluer vers un lymphome, ce qui nécessite un suivi pendant au moins dix ans.
Prurigo actinique
Le prurigo actinique est considéré par certains comme une variante de la photodermatose polymorphe. Comme cette dernière, il s’agit d’une réaction d’hypersensibilité de type retardé. Des papules et des nodules symétriques et prurigineux se forment sur le visage, le cou et la face postérieure des extrémités, qui peuvent laisser des cicatrices.
Il faut se protéger du soleil et, dans les cas graves, d’avoir recours entre autres aux corticoïdes et à l’azathioprine.
Dermatite actinique chronique
Le tableau clinique de la dermatite actinique chronique englobe un groupe de photodermatoses d’origine immunitaire. Typiquement, on observe des lichénifications, des infiltrations et une peau épaissie, squameuse et enflammée dans les zones exposées à la lumière.
Les symptômes s’améliorent souvent en hiver et s’aggravent en été. Les personnes atteintes doivent éviter autant que possible l’exposition à la lumière solaire. Une immunosuppression peut aider.
Photodermatoses causées par des photosensibilisateurs connus
Le deuxième groupe de photodermatoses primaires comprend les lésions cutanées qui apparaissent sous l’effet de photosensibilisateurs connus. Parmi eux, se trouve des
- plantes (p. ex. furanocoumarines) ;
- produits chimiques, cosmétiques, parfums ;
- certaines substances médicamenteuses (p. ex. sulfonamides, tétracyclines, phénothiazides)
Sous leur effet, même un faible rayonnement UV a un effet phototoxique chez les personnes. La réaction se présente sous la forme d’une lésion cutanée immédiate ou retardée, semblable à un coup de soleil sévère. La photoprovocation permet de poser le diagnostic, tandis que la thérapie consiste à l’éviction de l’agent déclencheur. Les corticoïdes topiques ont un effet apaisant.
L’allergie de photocontact survient après une sensibilisation à un photoallergène. Si l’allergène est administré par voie entérale ou parentérale, il peut en résulter une photoallergie systémique.
- Troyanova-Slavkova S. «Lichtdermatosen», Akt Dermatol 2024; 50: 267-276; doi : 10.1055/a-2308-3140. © Georg Thieme Verlag KG Stuttgart, New York