7 déc. 2024Au-delà des sprays nasaux

Rhinosinusite polypoïde chronique : Quelles alternatives thérapeutiques ?

Les substances actives contenues dans les sprays nasaux n’atteignent pas les sinus en quantité suffisante. Pour les patients atteints de rhinosinusite chronique, certaines alternatives sont donc à l’étude – notamment des dispositifs d’inhalation, des implants et des produits biologiques.

Les sprays nasaux n’atteignent souvent pas toutes les zones touchées en cas de rhinosinusite chronique.
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La sinusite chronique avec sa rhinorrhée permanente, ses douleurs de la face ainsi que ses troubles respiratoires et olfactifs touche environ 5 à 12 % de la population. Des polypes de la muqueuse nasale sont présents chez un tiers de ces personnes.

Traitement de base : corticoïdes et lavages nasaux

L'application intranasale de corticoïdes et les lavages de nez avec du sérum physiologique constituent le traitement de base. Le Dr Robert Böschke, clinique universitaire d’Oldenburg, regrette que les corticoïdes en vaporisation nasale à faible biodisponibilité systémique (p. ex. furoate de mométasone) soient trop rarement prescrits (1). Le sevrage tabagique ainsi que le contrôle des comorbidités telles que les allergies et l’asthme restent également importants pour le traitement de base de la rhinosinusite chronique.

En cas de persistance de symptômes significatifs malgré un traitement médicamenteux de huit semaines, l’indication à une opération sinusale endoscopique est posée. Le score SNOT (Test des résultats sino-nasaux)-22 permet d’objectiver le fardeau symptomatique. L’étendue adéquate de l’opération fait toujours l’objet d’un débat entre experts. Des études montrent toutefois que des résections plus généreuses conduisent à de meilleurs résultats à long terme.

Lavages au budésonide : une alternative à considérer

L’inconvénient des sprays nasals est qu’ils ne permettent pas la pénétration d’une quantité de substance active suffisante dans les parties postérieures du nez. Cela pourrait expliquer pourquoi certains patients ne répondent pas aux sprays aux corticoïdes. Pour ces personnes, les lavages de nez au budésonide (hors indication) sont peut-être mieux adaptés. Selon le Dr Böschke, une certaine prudence est toutefois de mise en raison des doses plus élevées de corticoïdes.

Toutefois, seuls 6 % environ du liquide restent dans les sinus, de sorte que la dose efficace correspond à peu près à celle utilisée lors de l’application de corticoïdes en spray. En raison des données d’études actuelles lacunaires, les lavages nasaux au budésonide ne devraient pas être prescrits comme traitement standard de la rhinosinusite chronique.

Dispositifs d’inhalation et implants : des solutions prometteuses

Outre les lavages, les systèmes d’inhalation pulsés avec flux d’air oscillant ainsi que les systèmes d’application de médicaments par inhalation pourraient permettre une meilleure pénétration de la substance active dans les sinus. Mais même pour ces dispositifs, les preuves d’un bénéfice supplémentaire par rapport aux sprays de corticoïdes font défaut.

Les stents biorésorbables qui libèrent de la mométasone constituent une option prometteuse, bien qu’assez complexe et coûteuse. Ces implants peuvent réduire la taille des polypes et améliorer la ventilation et l’écoulement sinusal. Toutefois, les études comparant directement ces stents au traitement standard font également défaut.

Antibiotiques et médicaments phytothérapeutiques : des options limitées

Le Dr Böschke est critique quant à l’utilisation d’antibiotiques comme la doxycycline ou les macrolides. La raison en est, entre autres, les effets indésirables tels que l’allongement de l’intervalle QTc ou la favorisation des résistances. Les médicaments phytothérapeutiques soulagent les symptômes dans des cas isolés ayant une symptomatologie sévère et une prise à long terme (un an).

Selon le Dr Anna Hoffmann, clinique universitaire de Hambourg-Eppendorf et ses collègues, les médicaments biologiques pourraient jouer un rôle plus important à l’avenir chez les patients atteints de rhinosinusite chronique sévère avec polypes (voir encadré). L’un des principaux obstacles à une utilisation plus large est le coût élevé du traitement.

Les médicaments biologiques, une option de troisième ligne

Substances

  • p. ex. le dupilumab (anti-IL-4 et IL-13)

Indications

  • échec du traitement standard (en première ligne :  corticoïdes topiques plus rinçage nasal avec solution saline ;  en deuxième ligne :  chirurgie)
  • en général en troisième ligne en cas de symptômes réfractaires malgré une chirurgie suffisamment étendue

Défis à relever

  • coûts élevés de la thérapie
  • effets secondaires à long terme inconnus
  • facteurs permettant de prédire quels sujets peuvent tirent bénéfice du traitement inconnus.
  • des intervalles d’application plus longs pourraient réduire les coûts et les effets indésirables, mais ne sont pas autorisés actuellement