27 nov. 2024Réponse durable et bonne tolérance chez les enfants et adolescents atteints de thrombocytopénie immune persistante ou chronique

Avatrombopag dans la PTI pédiatrique : une avancée prometteuse

Selon des données récentes de phase III, l’avatrombopag, un TPO-RA, est également efficace et bien toléré chez les enfants et les adolescents atteints de PTI chronique mais aussi persistant après le sixième mois de la maladie, en l’absence de réponse adéquate aux traitements précédents. C’est ce qu’a rapporté le Pr Rachael F. Grace, Boston, USA, lors du congrès 2024 de l’European Hematology Association (EHA).

Gros plan sur une jambe avec des points rouges dus à une thrombocytopénie.
Bungon/stock.adobe.com
L’agoniste des récepteurs de la thrombopoïétine (TPO-RA) avatrombopag est une option en population pédiatrique après l’échec de traitement par d’autres substances.

L’avatrombopag est entre autres indiqué pour le traitement des patients adultes atteints de thrombocytopénie immune chronique (PTI) qui ont eu une réponse insuffisante à au moins un traitement antérieur (1).

Le PTI est une thrombocytopénie acquise causée par une réaction auto-immune contre les plaquettes et les mégacaryocytes. La maladie se caractérise par des symptômes de saignement et une forte tendance aux hématomes, mais aussi par la fatigue et le stress émotionnel (1).

Évaluer l’efficacité et la tolérance de l’avatrombopag

L’objectif de l’étude présentée au congrès de l’EHA était d’évaluer l’efficacité, la sécurité et la pharmacocinétique de l’avatrombopag (AVA), un TPO-RA autorisé jusqu’à présent uniquement chez l’adulte, chez les enfants et les adolescents de ≥ 1 à < 18 ans sans réponse suffisante aux traitements antérieurs (2).

Comme la prise de cette substance n’est pas associée à des restrictions alimentaires, son utilisation chez les jeunes patients serait particulièrement intéressante. Le PTI chronique étant plus rare dans cette tranche d’âge qu’à l’âge adulte, les enfants et les adolescents ayant une maladie persistante – c’est-à-dire au moins six mois après le diagnostic – ont également été inclus.

Profil des participants

Comme l’a indiqué la spécialiste, 75 enfants/adolescents de ≥ 1 à < 18 ans de 34 centres (France, Allemagne, Hongrie, Pologne, Russie, Turquie, Royaume-Uni, Ukraine et États-Unis), ayant un PTI depuis au moins six mois et un nombre moyen de plaquettes (PC) < 30 × 109/l, ont été inclus dans l’étude de phase IIIb en double insu.

Après randomisation 3:1, ils ont reçu soit l’avatrombopag (n = 54), soit un placebo (n = 21) pendant douze semaines (phase centrale de l’étude). L’objectif de l’étude était d’atteindre un taux de plaquettes de 50 à 150 × 109/l. L’analyse primaire a porté sur tous les participants randomisés. L’analyse de sécurité a porté sur tous ceux qui avaient reçu au moins une dose du médicament à l’étude.

Critères d'évaluation

La réponse plaquettaire soutenue, critère d’évaluation principal, était définie comme un PC ≥ 50 × 109/l sans médicament de secours pendant au moins six des huit dernières semaines de la phase centrale. Un critère d’évaluation secondaire important était l’obtention de ≥ 2 valeurs plaquettaires consécutives de ≥ 50 × 109/l sans médicament de secours pendant les douze semaines de la phase centrale. Les jeunes patients qui avaient terminé la phase centrale ou qui n’avaient pas eu de réponse plaquettaire pouvaient participer à une phase de prolongation en ouvert pendant deux ans au maximum.

Les participants inclus dans l’étude entre mars 2021 et août 2023 avaient déjà souffert de PTI pendant 202 semaines (AVA) ou 225 semaines (placebo) en moyenne. Un peu plus de 80 % présentaient un nombre moyen de plaquettes ≤ 15 × 109/l et deux tiers avaient reçu auparavant ≥ 3 médicaments contre le PTI.

Environ 70 % des participants à l’étude avaient déjà reçu d’autres TPO-RA, auxquels avaient répondu initialement 42,2 % (avatrombopag) et 20 % (placebo). L’âge médian était de 8,9 ans (avatrombopag) et de 9,9 ans (placebo). 81,5 % des patients sous avatrombopag, mais seulement 4,8 % de ceux sous placebo, ont terminé la phase centrale de 12 semaines, principalement en raison de l’inefficacité du traitement.

Une réponse plaquettaire durable et significative

Le critère d’évaluation primaire, à savoir une réponse plaquettaire soutenue, a été atteint par 15 (27,8 %) des patients sous avatrombopag et par aucun sous placebo (p = 0,0077 ; IC 95 % :  15,8-39,7). Deux valeurs consécutives de plaquettes ≥ 50 × 109/l ont été documentées chez 81,5 % des patients sous avatrombopag et 0 % des patients sous placebo. 55,6 % des patients sous AVA et aucun du groupe témoin n’ont eu de réponse plaquettaire précoce ≥ 50 × 109/l dès le jour 8 (p < 0,0001). Une médication de secours a été nécessaire pour 7,4 % des patients sous avatrombopag vs 42,9 % sous placebo (p = 0,0008) ; des symptômes hémorragiques ont été documentés chez 18,6 % vs 38,1 %.

Cinq (9,3 %) patients sous avatrombopag et un (4,8 %) sous placebo ont eu des effets indésirables sévères (EI). Deux EI sévères (céphalées, thrombocytose) chez un patient sous avatrombopag ont été considérés comme liés au traitement. Deux patients traités par avatrombopag (3,7 %) et un du groupe placebo (4,8 %) ont interrompu l’étude en raison d’effets indésirables. Aucun événement hémorragique de sévérité ≥ 3, événement thromboembolique ou décès n’est survenu. 97 % des patients traitées ont rejoint la phase de prolongation ouverte.

Une administration simplifiée sans restrictions alimentaires

Selon le Pr Grace, ces données montrent que l’avatrombopag est une option efficace et bien tolérée pour les jeunes patients atteints de PTI persistant ou chronique, âgés de ≥ 1 et < 18 ans, chez lesquels les traitements précédents n’ont pas permis d’obtenir une réponse adéquate. De plus, ce TPO-RA offre d’autres avantages, comme la facilité d’administration par voie orale sans restriction alimentaire, ce qui peut réduire le fardeau de la maladie chez ces jeunes patients.