17 juil. 2024Ofatumumab dans la sclérose en plaques

Bénéfice continu pendant six ans

L’ofatumumab est autorisé depuis longtemps dans le traitement de la sclérose en plaques récurrente-rémittente. De nouvelles données à long terme présentées lors du congrès de neurologie de l’AAN montrent désormais une persistance de l’effet de l’anticorps anti-CD20 sur une période allant jusqu’à six ans.

L'anticorps anti-CD20 ofatumumab montre un bénéfice continu pendant six ans dans la SEP remittante.
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Les nouveaux résultats sont issus de l’étude d’extension ouverte ALITHIOS (1), qui porte sur des patients atteints de sclérose en plaques récurrente-rémittente (SEP) ayant initialement reçu soit de l’ofatumumab soit du tériflunomide pendant une période allant jusqu’à 30 mois au cours de l’étude de phase III ASCLEPIOS I/II (2).

L’étude ASCLEPIOS a porté sur 1882 patients d’en moyenne 38 ans et ayant un EDSS de 2,9, et dont 67,6 % étaient des femmes. Dans cette étude, l’ofatumumab s’était montré supérieur au tériflunomide en termes de paramètres cliniques et radiologiques (IRM). Les patients ont ensuite pu participer à l’étude de prolongation et ont tous reçu l’ofatumumab.

Réduction significative des taux de récidive

Une première analyse a porté sur des patients atteints de RMS récemment diagnostiqués (≤ 3 mois) et initialement naïfs de traitement (314 avaient reçu de l’ofatumumab en continu, 301 avaient été passés du tériflunomide à l’ofatumumab).

Le faible taux de rechute annuel (annualized relapse rate, ARR) atteint dans ASCLEPIOS a pu être réduit de 52 % supplémentaires, passant de 0,104 à 0,050, chez les patients traités en continu par ofatumumab, ce qui correspond à une rechute en 20 ans.

Par rapport aux patients qui sont passés du tériflunomide à l’ofatumumab au début de l’étude ouverte de prolongation, ceux qui ont suivi un traitement continu par l’ofatumumab ont présenté une baisse de 44 % des rechutes. Les lésions pondérées en T1 (Gd+T1) avec rehaussement au gadolinium ainsi que les nouvelles lésions ou en augmentation en (ne)T2 ont diminué de resp. 96,4 % et 82,7 %.

Ces patients ont également présenté une réduction de 24,5 % de l’aggravation confirmée de leur atteinte à trois mois (3mCDW). Les événements PIRA (progression indépendante de l’activité de la rechute) sont survenus dans resp. 14,3 % et 20,3 % des cas à trois mois.

Pas de rattrapage du bénéfice

Pour les patients d’abord traités par tériflunomide, il y a eu une amélioration de plusieurs paramètres après le switch :  il y a eu une diminution de 71,3 % de l’ARR ainsi que de 98,5 % (G+T1) et de 93 % (neT2) des lésions à l’IRM. Il y a en outre eu une augmentation rapide des taux de NEDA-3. Les taux de CDW à trois et six mois sont toutefois restés plus élevés que chez les patients sous traitement continu par ofatumumab.

Les auteurs en concluent que le bénéfice significatif d’un traitement de première ligne avec l’ofatumumab ne peut plus être rattrapé par les patients d’abord traité par tériflunomide et ensuite passés sous ofatumumab. Après la sixième année de traitement, neuf patients sur dix ont atteint un NEDA-3 (no evidence of disease activity), tant dans le groupe « traitement en continu » que dans le groupe « switch ».

Des résultats transposables à tous les patients

Une autre analyse a porté sur l’ensemble des patients de l’étude ASCLEPIOS, et pas seulement sur les patients nouvellement diagnostiqués (3). Les résultats sont comparables avec une efficacité persistante de l’ofatumumab sur une période allant jusqu’à six ans, qui s’est traduite par une nouvelle réduction de 49,9 % du taux d’ARR, ainsi qu’une suppression des lésions actives à l’IRM, une baisse continue des événements CDW sur six mois, des taux de PIRA faibles et des taux de NEDA-3 durablement élevés.

Les patients qui sont passés du tériflunomide à l’ofatumumab ont présenté une baisse significative des taux d’ARR (73,8 %) et des lésions actives à l’IRM de plus de 90 %, ainsi qu’une augmentation rapide des taux de NEDA-3.

Les données des études APLIOS et APOLITOS ont également été prises en compte dans l’analyse de sécurité. Les taux globaux d’effets indésirables (sévères) ont été cohérents entre les études de phase III et la phase d’extension jusqu’à six ans. Les infections (Covid-19, rhinopharyngite, infections des voies respiratoires supérieures et des voies urinaires) ont été les EIs le plus souvent observés. Les taux moyens d’IgG sont restés stables tout au long de la période. Chez la majorité des patients (97,2 %), le taux d’IgG était supérieur à la LLN (lower limit of normal) (3).

Étude OLIKOS

Dans cette étude prospective de phase III à un seul bras, les chercheurs ont évalué l’efficacité et la sécurité d’un traitement d’entretien par ofatumumab (20 mg s.c. une fois par mois) chez des patients atteints de SEP rémittente (âgés de 18 à 60 ans) qui avaient reçu auparavant un traitement intraveineux anti-CD20 par ocrélizumab ou rituximab. La dernière dose avait été administrée entre quatre et neuf mois avant le début de l’étude. 102 patients ont été inclus dans l’évaluation.

Une efficacité durable a été constatée après six mois. Aucune nouvelle lésion Gd+TR1 n’est apparue chez les patients. Jusqu’au sixième mois, les taux d’IgG et d’IgM sont restées dans les limites de la norme. La numération médiane des cellules B CD19+ est passée de 1,00 à 0,00 cellule/µl. La fréquence de survenue des effets indésirables liés au traitement a été comparable à celle dans les études de phase III.

Alvarez E et al. AAN 2024 Annual Meeting ;  Poster P10.006.