Recommandations alimentaires dans le psoriasis
En cherchant sur Internet, on trouve de nombreux conseils alimentaires censés aider en cas de psoriasis. Lors du congrès de l’EADV, un fact checking a été effectué pour l’huile de poisson, le régime sans gluten et d’autres recommandations.
Les patients atteints de psoriasis posent souvent sur l’impact de leur nutrition sur la maladie cutanée.
Le Pr April Armstrong, UCLA Health University of California, Los Angeles, a expliqué que lorsqu’on recherche des aliments ayant un effet sur le psoriasis, il vaut surtout la peine de s’intéresser aux acides gras polyinsaturés. Les huiles végétales et les vinaigrettes qui en sont issues semblent à première vue saines – mais elles ne contiennent souvent que des acides gras oméga-6. Ceux-ci sont certes insaturés, mais ont un effet pro-inflammatoire. Les acides gras oméga-3 comme l’acide eicosapentaénoïque (EPA) et l’acide docosahexaénoïque (DHA) inhibent la production de cytokines inflammatoires. On les trouve notamment dans le poisson, les graines de chia, les noix, le soja et l’huile de colza.
La supplémentation en huile de poisson n’est pas une solution miracle
Une supplémentation en huile de poisson pourrait-elle aider les patients ? Aux doses étudiées jusqu’à présent, la supplémentation orale en EPA (jusqu’à 5 g/j) et en DHA (3,6 g/j) n’a eu aucun effet sur la sévérité de la maladie, a résumé le Pr Armstrong.
Par conséquent, aucune recommandation ne peut être prononcée. Certaines données suggèrent certes une certaine efficacité en cas d’administration i.v., mais avec une faible niveau de preuve. En même temps, il est peu probable que ce mode d’administration puisse être mis en œuvre dans la pratique quotidienne, a souligné l’intervenante. Une étude portant sur l’arthrite psoriasique a montré que la prise d’acides gras oméga-3 réduisait la consommation d’AINS et de paracétamol. Cependant, aucun effet n’a été observé sur les scores d’activité.
Un régime sans gluten n’aide pas tous les patients
Le régime sans gluten est actuellement très en vogue, tant dans la société en général que chez les patients atteints de psoriasis, qui espèrent ainsi obtenir un effet positif sur leur peau. Juste un engouement ? Un point important dans ce contexte est que la maladie cœliaque est deux fois plus fréquente chez les patients atteints de psoriasis que dans la population générale, a souligné l’intervenante. Le dépistage de cette maladie auto-immune associée au gluten se fait par la détection d’anticorps spécifiques (voir encadré ci-dessous) – le diagnostic est confirmé par biopsie.
Dans une étude chez des patients ayant un psoriasis et une maladie cœliaque avérée, l’importance de l’augmentation du taux d’anticorps étaient positivement corrélés à la sévérité de la maladie cutanée. Les personnes atteintes de psoriasis ont globalement un risque plus élevé de mise en évidence d’anticorps. Le Pr Armstrong a fait remarquer que l’élévation des anticorps peut certes être le signe d’une maladie cœliaque, mais qu’il peut aussi ne traduire que la présence d’une sensibilité au gluten.
Anticorps de dépistage de la maladie cœliaque
- IgA et IgG anti-transglutaminase tissulaire (tGT-IgA/tGT-IgG)
- Anticorps anti-Endomysium (EMA-IgA)
- IgA et IgG contre les peptides de gliadine désamidés (dGP-IgA/dGP-IgG)
Pour les patients dont l’intolérance au gluten est avérée, l’effet positif d’un régime sans gluten (y compris sur le psoriasis) ne fait aucun doute et ce régime est donc recommandé, résume-t-elle. Elle conseille aux patients séropositifs – indépendamment de la confirmation du diagnostic – de passer à un régime sans gluten à titre d’essai pendant trois mois et de voir s’il y a un effet positif ou non. En ce qui concerne les patients séronégatifs, il n’existe toutefois aucune étude indiquant qu’un régime sans gluten a un effet positif mesurable sur la maladie cutanée. D’autant plus que renoncer complètement aux protéines du blé, du seigle et de l’orge n’est pas une entreprise aisée.
La cétogenèse contribue à la perte pondérale dans tous les cas
Le régime cétogène repose sur la réduction de la consommation de glucides à moins de 30-50 g/j et sur l’augmentation parallèle de l’apport en protéines et en graisses. Il s’ensuit une transition métabolique vers le métabolisme lipidique. Une alimentation cétogène présente un effet anti-inflammatoire via différents mécanismes moléculaires, a rapporté la spécialiste. Dans l’ensemble, il n’y a existe toutefois que peu de données concernant cette constellation spécifique.
La perte de poids intensive agressive à l’aide d’un régime cétogène fortement hypocalorique a montré un effet bénéfique sur la sévérité de la maladie chez les patients psoriasiques en surpoids ou obèses naïfs de traitement. Cependant, dans ce cadre, il est actuellement impossible de distinguer les effets positifs liés à l’alimentation elle-même de ceux liés à la réduction du poids (voir encadré ci-dessus).
Moins, c’est plus !
Chez les patients atteints de psoriasis et ayant un IMC ≥ 25kg/m², il a été montré que la perte pondérale à l’aide d’un régime hypocalorique est associée à une diminution du PASI. Elle est donc également recommandée dans les directives. Toutefois, il ne s’agit que d’un complément au traitement médicamenteux standard du psoriasis.
En bonne santé grâce au régime méditerranéen ?
Le régime méditerranéen est caractérisé par la consommation de beaucoup de fruits, de légumes, de légumineuses et de poisson, associée à une faible consommation de laitages, de douceurs, de viande rouge et de vin.
Une étude d’observation chez 211 patients atteints d’arthrite psoriasique a montré qu’un score d’activité plus élevé (DAPSA) était en corrélation avec un suivi moins strict des prescriptions alimentaires du régime méditerranéen. Les avantages de ce type d’alimentation par rapport à l’alimentation occidentale ont été décrits pour les maladies cardiovasculaires, métaboliques et oncologiques, mais les données probantes sont jusqu’à présent peu nombreuses en ce qui concerne spécifiquement le psoriasis. Néanmoins, certaines parties du régime méditerranéen pourraient tout à fait être recommandées aux personnes atteintes de psoriasis, par exemple
- huile d’olive (extra vierge) comme source principale de matières grasses sous forme liquide ;
- deux portions de légumes et trois portions de fruits par jour – au moins trois portions de légumineuses, de poisson ou de fruits de mer et de noix par semaine ;
- riche en acides gras oméga-3, en acides gras monoinsaturés, fibres et en glucides complexes ;
- pauvre en calories et acides gras saturés totaux, en acides gras insaturés (en particulier oméga-6) et en glucides simples.
Les solanacées et la vitamine D sans effet
De nombreux patients pensent que les solanacées comme la tomate, l’aubergine et le poivron entraînent une exacerbation du psoriasis, a déclaré le Pr Armstrong. La solanine contenue dans ces plantes est notamment soupçonnée d’aggraver les douleurs. Il n’existe pas encore de preuve définitive que les solanacées favorisent les poussées du psoriasis. Une enquête menée auprès de 1.206 patients qui avaient banni ces aliments de leur alimentation a révélé qu’il y avait une probabilité d’amélioration des symptômes de un sur deux.
Et la vitamine D ? Les topiques à base de vitamine D montren un effet positif sur les plaques – la question de savoir si une supplémentation orale peut en faire autant fait l’objet de discussions. Les résultats d’un sondage montrent que la vitamine D orale a entraîné une réduction des symptômes chez 40 % des participants.
Des études contrôlées n’ont pas pu démontrer ce lien, du moins pour une administration de 3.000 UI/j sur une période de trois ou six mois. Cependant, rien n’empêche bien sûr de supplémenter les patients présentant une carence confirmée en vitamine D, selon l’intervenante – notamment en ce qui concerne la prévention de comorbidités typiques du psoriasis.