Phytothérapie dans le syndrome prostatique bénin
Les troubles prostatiques débutent entre 45 et 50 ans chez de nombreux hommes. En raison de leur efficacité, les remèdes à base de plantes ont toute leur place dans cette phase initiale. « Par rapport à d’autres options thérapeutiques, ils ont l’avantage d’être très bien tolérés et ne perturbent pas la fonction sexuelle », a expliqué le Pr Hubert John, médecin-chef et directeur de la clinique d’urologie, Hôpital cantonal de Winterthur, lors d’une manifestation de formation organisée par la Société Suisse de Phytothérapie Médicale (SSPM).
Les causes de l’augmentation du volume prostatique sont aussi bien hormonales qu’inflammatoires. « De nombreuses causes pouvant être à l’origine des troubles prostatiques, un diagnostic doit être posé avant tout traitement », a souligné le Pr John.
Le bilan diagnostique comprend notamment l’anamnèse des symptômes obstructifs et irritatifs, l’examen urinaire, le dosage du PSA et l’exclusion d’autres causes (p. ex. neurogènes ou cardiaques).
La plupart du temps, les troubles mictionnels sont dus à un syndrome prostatique bénin (SPB). En ce qui concerne la prise en charge, il existe différentes options thérapeutiques qui vont de l’éducation comportementale (p. ex. boire peu le soir) et la prise de phytomédicaments aux procédures chirurgicales, en passant par les médicaments de synthèse.
Le profil d’effets indésirables fait la différence
Les médicaments les plus souvent utilisés sont ceux à base de plantes ainsi que les alphabloquants et les inhibiteurs de la 5-a-réductase. Les alphabloquants permettent un relaxation du col vésical par inhibition des récepteurs alpha sympathomimétiques. Ils n’ont pas d’effet sur le taux de PSA mais peuvent avoir des effets indésirables significatifs tels qu’hypotension, vertiges, fatigue et dysfonctionnement sexuel.
Les inhibiteurs de la 5-a-réductase bloquent la transformation de la testostérone en dihydrotestostérone. Cette hormonothérapie est principalement utilisée en cas de carcinome. Selon le Pr John, « elle réduit la taille de la glande, ce qui peut masquer un carcinome de la prostate ». En outre, ces médicaments entraînent souvent des dysfonctionnements sexuels (baisse de la libido, impuissance) et une gynécomastie.
En revanche, la phytothérapie n’a pratiquement pas d’effets indésirable en cas du syndrome prostatique bénin. Le traitement fait surtout appel au palmier nain (Sabal serrulata), à l’ortie dioïque (Urtica dioica), aux graines de courge, au pollen de seigle et à l’astragale d’Afrique. « Les extraits de palmier nain et d’ortie sont les plus documentés. Ils comprennent de nombreux composants qui se complètent en partie et se potentialisent également », a expliqué l’expert.
Leur effet principal est probablement dû aux phytostérols, mais aussi, dans le cas de l’ortie, aux lignanes et aux agglutinines. Ces substances ont des effets anti-androgènes et en partie anti-inflammatoires. « Le palmier nain et l’ortie réunissent donc les avantages des alphabloquants et des inhibiteurs de la 5-a-réductase, mais ils agissent également sur l’inflammation, sont très bien tolérés et n’affectent pas la fonction sexuelle », a souligné l’intervenant.
Des donnés favorables pour les extraits de sabal/urtica
De nombreuses études de qualité ont fourni des données probantes. La plupart des études ont été menées avec l’extrait combiné standardisé Sabal/Urtica PRO 160/120 (par ex. Prostaplant-F®, Prostagutt®). L’extrait spécial s’est montré supérieur au placebo en ce qui concerne la réduction de différents troubles prostatiques et ne s’est pas montré inférieur à l’alphabloquant tamsulosine et à l’inhibiteur de la 5-a-réductase finastéride en termes d’efficacité et supérieur en termes de tolérance.
Globalement, les données sur l’efficacité des phytomédicaments dans le SPB manquent toutefois de cohérence, a reconnu l’intervenant. Les raisons en sont l’hétérogénéité des extraits contenus dans les préparations et la différence de procédés d’extraction. La Société allemande d’urologie ne donne par conséquent pas de recommandation définitive pour ou contre l’utilisation de produits phytothérapeutiques en cas de syndrome prostatique bénin. Elle déclare cependant que les médicaments phytothérapeutiques ayant montré une supériorité par rapport au placebo dans les études ont leur place en cas de troubles légers à modérés, en particulier lorsque les patients ne veulent pas prendre de préparations de synthèse.
Phytothérapie recommandé pour le syndrome prostatique bénin débutant
En conclusion, le Pr John a recommandé de traiter initialement les troubles prostatiques légers à modérés par un médicament phytothérapeutique bien documenté. Ce n’est qu’en cas de besoin, au cours de l’évolution, que d’autres médicaments seront utilisés et que des mesures chirurgicales seront éventuellement évaluées. « En règle générale, les patients ayant un syndrome prostatique bénin débutant, en particulier des troubles irritatifs, sont très satisfaits de la phytothérapie, et cela pendant plusieurs années », a résumé le Pr John en se fondant sur son expérience pratique.