Prise en charge phytothérapeutique de l’infection urinaire non compliquée
Les plantes médicinales contiennent plusieurs substances avec différents mécanismes d’action. Lors d’une manifestation de formation continue de la Société Suisse de Phytothérapie Médicale (SSPM), Dorothea Staub-Helb, pharmacienne, Römer-Apotheke, Winterthur, a expliqué comment exploiter le potentiel de certaines de ces plantes dans l’infection urinaire non compliquée.
En phytothérapie, l’approche thérapeutique fait traditionnellement appel à différents principes actifs et à leurs combinaisons. En ce qui concerne les infections urinaires (IU) non compliquées, ce sont surtout des effets antimicrobiens, spasmolytiques, antiphlogistiques et diurétiques qui sont recherchés.
« Contrairement aux diurétiques classiques, les remèdes à base de plantes, en stimulant la circulation sanguine rénale, ont un effet principalement aquarétique avec une augmentation de la quantité d’urine excrétée, sans avoir d’effet sur l’excrétion urinaire des électrolytes », a expliqué la spécialiste.
Avec les plantes riches en potassium, comme l’ortie et le pissenlit, il peut s’y ajouter des processus osmotiques. Par ailleurs, certaines plantes basiques stimulent également l’élimination de l’acide urique.
« Pour les mélanges, il est souvent impossible d’attribuer un effet à une seule plante en raison de la multiplicité des mécanismes d’action », a expliqué l’intervenante, citant l’exemple de la combinaison de livèche, de romarin et de centaurée (Canephron®). Selon une étude, ce mélange a montré une efficacité équivalente à celle de l’antibiotique fosfomycine.
Des dosages et durées de traitement suffisants
Les plantes riches en isothiocyanates, comme la capucine, sont une option pour la prophylaxie et le traitement des infections urinaires. La capucine est en général combinée à la racine de raifort (Angocin®). Les huiles de moutarde des deux plantes se complètent et ont un effet antibactérien contre les bactéries Gram positives et Gram négatives. « Les isothiocyanates peuvent également inhiber la formation de biofilm et empêcher les bactéries de pénétrer dans la cellule hôte », a expliqué l’intervenante. Des études cliniques ont montré que l’administration prophylactique de capucine et de raifort réduit l’incidence des infections urinaires.
Ce traitement a permis d’améliorer les symptômes en huit jours, comme le ferait un antibiotique classique. En traitement adjuvant, la combinaison peut renforcer l’effet des antibiotiques. Selon la spécialiste, la tolérance est très bonne. Pour prévenir d’éventuels effets secondaires gastro-intestinaux, il est préférable de renoncer à la consommation l’alcool et de prendre le produit phytothérapeutique après le repas.
Plantes pour les troubles vésicaux
« En cas de troubles vésicaux, il faut en règle générale veiller à un apport liquidien élevé », a déclaré l’intervenante. De même, les produits phytothérapeutiques devraient toujours être pris à des doses suffisamment élevées et pendant une durée suffisante.
La busserole (Cystinol®) est la plante classique par excellence pour les troubles vésicaux. Elle est riche en glucosides d’hydroquinone, en arbutine, en flavonoïdes et en tanins. L’infusion des feuilles de la plante réduit l’adhésion des bactéries à la cellule hôte, a des effets bactériostatiques ainsi que diurétiques et inhibe la formation de calculs urinaires. L’arbutine a des propriétés antivirales, antioxydantes, anti-inflammatoires et également antitussives.
Dans les directives S3, la busserole est mentionnée pour la prévention des infections urinaires. Selon Dorothea Staub, la plante a également sa place en combinaison à des antibiotiques car en tant que traitement adjuvant elle peut permettre une épargne d’antibiotiques. Son mauvais goût ainsi que sa faible tolérance gastrique – tous deux dûs à la forte teneur en tanin – peuvent poser problème. C’est la raison pour laquelle on utilise souvent comme alternative l’airelle rouge ou la canneberge. Ces baies ont en effet une teneur élevée en arbutine et faible en tanins et sont donc mieux tolérées. Les preuves sont toutefois fragmentaires.
La verge d’or a l’avantage de sa polyvalence
Il existe de multiples espèces de gerbes d’or (Solidago spp.). « En raison de son large spectre d’action, le solidage européen (Solidago virgaurea) est une plante médicinale polyvalente dans le domaine des reins et de la vessie », a déclaré l’intervenante. La plante est riche en substances actives – flavonoïdes, saponines triterpéniques, glucosides phénoliques, huiles essentielles. En ce qui concerne l’extrait sec standardisé de busserole (Cystinol®), des études prospectives en ouvert ont montré un effet significatif sur les infections urinaires, la vessie irritable et les calculs urinaires.
Prise à titre prophylactique en association à un antibiotique, la préparation combinée de verge d’or, de feuilles de bouleau, de feuilles d’orthosiphon et de D-Mannose (CistiMEV®) permet une réduction significativement plus importante du nombre de récidives sur 12 mois par rapport à l’antibiothérapie seule.
« Bien que les huiles essentielles soient souvent considérées comme un secteur de niche, elles sont très puissantes », a expliqué la spécilaiste. Les huiles de thym, de marjolaine et de romarin ont un effet inhibiteur sur la formation du biofilm d’E. coli uropathogène. L’huile d’origan a, entre autres huiles, un bon effet antimicrobien contre E. coli – même en phase stationnaire. En traitement adjuvant à un antibiotique, l’huile d’origan peut en outre significativement augmenter l’éradication des bactéries, a conclu la spécialiste.
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