« Quand débuter le traitement par des inhibiteurs du SGLT2 et autres ? »
Euphorie chez les chercheurs du monde entier : un traitement efficace de la néphropathie diabétique est enfin possible. La cardio-protection est également en plein essor. L’un des experts les plus renommés dans ce domaine est le Pr Christoph Wanner, désormais professeur au Centre allemand de l’insuffisance cardiaque à Wurzbourg ainsi qu’à l’Université d’Oxford. Il nous a accordé un entretien lors d’un séjour à Zurich.
Actuellement, les inhibiteurs du SGLT2 ne sont pas seulement utilisés comme antidiabétiques dans le traitement du diabète de type 2 – ils ont aussi un effet cardio- et néphroprotecteur. Ces dernières années, l’accent a été mis sur les extensions d’indications pour l’insuffisance cardiaque et rénale. Qu’est-ce que cela signifie pour la protection cardio-rénale chez les diabétiques de type 2 ?
Pr Christoph Wanner : On peut désormais considérer les inhibiteurs du SGLT2 comme des traitements de protection des organes. L’élargissement des indications au traitement des maladies cardiovasculaires HFpF et HFrEF et l’indication désormais relativement large dans la néphropathie chronique facilitent considérablement l’utilisation de ces traitements par les médecins de premier recours, d’autant plus qu’ils ont désormais pour la plupart un rôle spécifique en pratique, notamment en raison de leur bon rapport coût-efficacité.
Si on veut se montrer critique, on peut dire que cela risque de rendre les traitements trop simples parce qu’il n’est plus nécessaire de faire la distinction entre les dysfonctions diastolique et systolique (HFpF, HFrEF). Des questions se posent dès lors. Faut-il encore faire une échographie cardiaque ? A-t-on encore besoin du paramètre NT-pro-BNP ? Ou peut-on simplement se fonder sur les symptômes cliniques pour traiter l’insuffisance cardiaque ? En raison de la facilité d’accès à ces médicaments, ils sont devenus entre-temps le standard of care et ont également été intégrés dans toutes les directives thérapeutiques – internationales et maintenant aussi nationales. Et ce, avec un discours relativement homogène, prêtant peu à discussion. Les données sont donc assez claires pour les autorités de régulation.
Il y a près d’un an et demi, l’étude EMPA-KIDNEY a dû être arrêtée prématurément en raison des résultats positifs chez une large population. Dans le cadre d’une extension, les patients ont maintenant été suivis pendant deux années supplémentaires. A-t-on entre-temps une évaluation fiable de l’effet de l’empagliflozine sur la progression de la maladie rénale, la mortalité cardiovasculaire et d’autres critères cliniques ?
Les résultats des études de suivi seront probablement présentés lors du congrès européen de cardiologie qui se tiendra fin août à Londres. Mais ces études peuvent pour ainsi dire être considérées comme « la cerise sur le gâteau », car elles ne changeront probablement pas les fondements de ces traitements.