15 mai 2024Préservatifs, pessaires et autres au banc d’essai

Des directives sur la sécurité des méthodes contraceptives non hormonales

Parmi toutes les méthodes contraceptives, la pilule a fait la course en tête en termes de popularité. Actuellement, de nombreuses femmes ont néanmoins une approche plus critique. Dans une nouvelle directive, des spécialistes sont revenus sur la place qu’occupent de nos jours les autres méthodes contraceptives et sur les points nécessitant un surcroît d’information.

Méthodes contraceptives
Anna Bova/stock.adobe.com

Les médecins doivent approfondir leurs connaissances sur les contraceptifs non hormonaux, selon les nouvelles directives formulées par les sociétés de gynécologie allemande, autrichienne et suisse (1).

Les auteurs n’ont pas seulement considéré la sécurité des différentes options, mais aussi les pièges associés à leur l’utilisation et de nombreux autres aspects à prendre en considération lors du conseil.

L’efficacité d’une méthode était auparavant indiquée par l’indice de Pearl. Celui-ci désigne le nombre de grossesses non désirées chez 100 femmes à un an. Aujourd’hui, on utilise la Life Table pour la sécurité d’utilisation en cas d’utilisation habituelle, y compris les erreurs d’application, ou la méthode Perfect Use pour la sécurité de la méthode en cas d’utilisation sans erreur (voir tableau).

Efficacité des méthodes contraceptives non hormonales


Femmes ayant eu une grossesse non désirée au cours de la première année d’utilisation (données en %)

Sécurité d’utilisationSécurité des méthodes
Méthode sympto-thermique (Sensiplan)1,8-2,30,4
Aménorrhée de lactation
(six premiers mois)
0,45-2,450,97-1,5
Coït interrompu20n.d.
Préservatif (hommes)132
Préservatif (femmes)215
Diaphragme12-184 ou 14
Cape cervicale23n.d.
DIU en cuivre0,1-1n.d.
DIU au lévonorgestrel0,06-0,12n.d.
Stérilisation (femme)0,50,5
Stérilisation (homme)0,150,10

Méthodes contraceptives non hormonales

Planification familiale naturelle (PFN)

Cette méthode repose sur l’observation du cycle, généralement à partir de la température basale et de la glaire cervicale. Elle doit permettre de déterminer la fenêtre de fertilité. Les auteurs des directives n’ont pris en compte que les méthodes qui sont suffisamment répandues et acceptées en Europe et pour lesquelles il existe en outre des études contrôlées. Ils considèrent la méthode du calendrier (p. ex. Knaus/Ogino) et la méthode de la température seule comme obsolètes.

Seules les méthodes symptothermiques devraient être utilisées. Les auteurs citent explicitement Sensiplan®, qui inclut une formation des utilisatrices par des conseillers certifiés. À cette condition, il est possible d’obtenir une efficacité très élevée. Dans les situations à risque (p. ex. prise de médicaments tératogènes), le planning familial naturel n’est toutefois pas le premier choix, soulignent les auteurs des directives.

Et, comme pour toutes les méthodes dépendantes de l’utilisatrice, elles ne conviennent pas en cas de troubles cognitifs. Les applications de cycle ou les ordinateurs de cycle ne sont généralement pas autorisés pour la contraception et ne sont pas recommandés.

Lactation

L’hypothèse selon laquelle une femme qui allaite ne peut pas tomber enceinte doit être considérée avec prudence. Une sécurité de 98 % n’existe que jusqu’à six mois maximum après l’accouchement, si la femme est aménorrhéique et allaite complètement.

La question de savoir s’il faut également s’attendre à un effet contraceptif lorsque le lait n’est pas donné directement par la mère, mais pompé, n’a pas été suffisamment étudiée jusqu’à présent.

Préservatif masculin

Pour les hommes, les préservatifs restent la seule méthode contraceptive non hormonale sûre et réversible. Ils protègent en outre contre les infections sexuellement transmissibles (IST). Les experts sont toutefois convaincus que l’utilisation des préservatifs nécessite de bons conseils. Ils doivent être bien ajustés pour ne pas glisser ou se déchirer. Les utilisateurs doivent faire attention au marquage CE et à la date de péremption.

Certains revêtements en gel contiennent du nonoxynol-9, qui favorise les infections urinaires chez certaines femmes et augmente le risque de transmission des IST. Les préservatifs enduits ne sont donc pas recommandés. Il est également important de souligner qu’une contraception d’urgence est utile en cas de déchirure ou de glissement du préservatif.

L’un des problèmes des préservatifs est que de nombreuses femmes et de nombreux hommes (52 % dans une étude) les considèrent comme des tue-désir, d’où une utilisation non systématique.

Diaphragme et cape cervicale

L’effet de ces méthodes de barrière repose sur le fait qu’elles se situent devant le col de l’utérus et empêchent la migration des spermatozoïdes vers le col. Le gel spermicide ou inhibiteur de la motilité, souvent utilisé simultanément, renforce cet effet. Il est préférable d’utiliser un gel à base d’acide lactique. En Allemagne, deux modèles de diaphragmes sont disponibles : 

Caya®contoured diaphragm (taille unique) et Singa®diaphragm (en sept tailles). La seule cape cervicale encore disponible (FemCapTM) est disponible en Grande-Bretagne. Tous ces produits demandent un peu de pratique.

Une adaptation et des instructions sont recommandées. Un diaphragme ne doit pas provoquer d’inconfort ni se déplacer. La cape cervicale doit se fixer de manière optimale sur le col de l’utérus. Les deux barrières ne doivent être retirées que six heures après le rapport sexuel. Le capuchon cervical glisse nettement plus souvent que le diaphragme lors du coït.

Préservatif féminin

Le préservatif féminin se compose d’une fine enveloppe humidifiée avec un lubrifiant, qui est introduite dans le vagin et repose sur la vulve à l’aide d’un anneau. La sécurité est moindre par rapport au préservatif masculin.

Pessaires intra-utérins (DIU)

La popularité du DIU augmente avec l’âge. 20 % des femmes de plus de 40 ans les utilisent. On distingue les DIU sans hormones libérant du cuivre de ceux libérant des hormones (lévonorgestrel).

Les deux systèmes sont très efficaces. Ils sont mis en place par un médecin qui contrôle régulièrement leur position par échographie. Une grossesse doit être exclue avec certitude avant la pose. Les DIU au cuivre doivent avoir une surface de cuivre d’au moins 300 mm2.

Dans les premières semaines suivant la pose, le risque d’infections génitales hautes est plus élevé. En outre, il existe des indications selon lesquelles une vaginose bactérienne ou des infections à Candida ont plus de risque de se développer chez les utilisatrices de DIU. Les femmes doivent également être informées du risque – très faible – de perforation utérine. Le risque d’expulsion est plus élevé, notamment chez les jeunes femmes ayant des règles abondantes. Après une expulsion, le risque qu’elle se produise à nouveau est très élevé (jusqu’à 31 %).

Stérilisation

Les personnes qui souhaitent recourir à la stérilisation doivent être conscientes qu’elles choisissent ainsi une procédure très sûre, mais définitive. Une refertilisation est certes possible, mais elle implique une nouvelle intervention et n’est pas efficace à 100 %.

Chez les femmes, la stérilisation est généralement réalisée par une laparoscopie chirurgicale (obturation des trompes de Fallope). Une intervention stérilisante chez les hommes (vasectomie) est moins invasive et peut avoir lieu sous anesthésie locale. Il faut toutefois savoir qu’au spermogramme de contrôle, il ne faut pas s’attendre à l’azoospermie visée avant au moins huit semaines.

Après intervention, 2 à 13 % des femmes regrettent leur décision, surtout si elle a été prise tôt dans la vie, sans ou avec peu d’enfants, en l’absence de couple ou dans des conditions difficiles, ainsi que dans le cadre d’une césarienne. Chez les hommes, environ 6 % regrettent la vasectomie. Cette décision est souvent liée à un partenariat conflictuel ou à l’insistance d’une partenaire dominante.