Syndrome de l’intestin irritable: Quoi de neuf ?
Les patients ayant un syndrome de l’intestin irritable ont souvent un long parcours médical derrière eux. Il n’existe pas de traitement unique qui soulagerait toutes les personnes concernées mais chaque année, de nouvelles données sont publiées sur les substances et les approches à envisager pour la prise en charge. L’éventail va des mesures générales à l’administration d’antidépresseurs.
L’approche thérapeutique optimale du syndrome de l’intestin irritable (SII) est multimodale, a expliqué le Dr Viola Andresen, groupe Medizinicum, Hambourg.
Le premier pilier est constitué par des approches générales indépendantes des symptômes, comme la psychothérapie et la microbiomodulation. Le deuxième est constitué d’options médicamenteuses orientées d’après les symptômes (p. ex. contre la douleur, la constipation, les diarrhées).
L’hypnose orientée vers l’intestin contre les douleurs
Plusieurs études ont entre-temps montré que ce que l’on appelle l’hypnose orientée vers l’intestin peut être efficace. Toutefois, cette thérapie n’est pas partout accessible, a précisé la spécialiste.
Une étude randomisée et contrôlée incluant 376 patients ayant un syndrome de l’intestin irritable a montré qu’une application numérique spécifique d’hypnose orientée vers l’intestin pouvait également permettre un soulagement efficace, notamment des douleurs abdominales. Cette appli d’hypnose a été comparée à une appli de relaxation musculaire.
L’analyse rétrospective a confirmé l’efficacité de cette appli d’hypnothérapie, a rapporté le Dr Andresen.
L’accompagnement diététique en vaut la peine
Le régime Low FODMAP (oligo-, di-, monosaccharides et polyols fermentescibles), qui consiste à renoncer aux glucides fermentescibles, s’est déjà montré efficace dans de nombreuses études. Dans les cabinets médicaux, les patients rapportent pourtant souvent qu’ils ont essayé cette approche, mais que leurs symptômes ne se sont pas améliorés.
Une étude randomisée et contrôlée sur 51 patients a montré que les meilleurs résultats étaient obtenus avec un régime low FODMAP guidé par un(e) spécialiste en diététique. Dans cette étude, l’accompagnement par des applications spécifique venait en deuxième place. Il vaut donc la peine de demander aux patients qui ont déjà essayé le régime low FODMAP sans le bénéfice espéré quel type d’accompagnement ils ont reçu, selon le Dr Andresen. Il serait alors éventuellement judicieux de faire un nouvel essai avec un accompagnement nutritionnel professionnel.
Place des antagonistes de la guanylate cyclase C
Le traitement médicamenteux du SII à type de constipation fait entre autres appel au linaclotide. Un autre représentant des antagonistes de la guanylate cyclase C, le plécanatide, est disponible depuis longtemps aux États-Unis, explique la spécialiste.
L’efficacité de cette substance a été à nouveau confirmée dans une analyse post-hoc de plusieurs études randomisées contrôlées – et cela dans le sous-groupe des patients ayant une constipation sévère. On ignore encore si la substance active sera également autorisée en Europe.
Un agoniste des récepteurs cannabinoïdes déçoit
Une autre substance, l’agoniste des récepteurs cannabinoïdes 2 olorinab, n’a pas montré d’effet sur les douleurs abdominales dans une étude de phase 2, a rapporté le Dr Andresen. Il n’y a donc actuellement « rien de prometteur à l’horizon » en ce qui concerne le traitement du syndrome de l’intestin irritable.
Les directives britanniques du NICE recommandent l’administration d’un antidépresseur tricyclique à faible dose (p. ex. l’amitriptyline) en cas de syndrome de l’intestin irritable, lorsque les mesures de fond telles que la modification de l’alimentation, l’administration de spasmolytiques, de laxatifs ou d’antidiarrhéiques n’ont pas donné les résultats escomptés. Les directives allemandes recommandent également l’amitriptyline – mais avec des restrictions.
Une étude multicentrique britannique a évalué l’efficacité de l’amitriptyline à faible dose dans le cadre de la pratique de premier recours chez 463 patients ayant un SII. Le médicament évalué s’est montré significativement supérieur au placebo en ce qui concerne la diminution de l’IBS-SSS (système de notation de la sévérité du syndrome de l’intestin irritable 32e séminaire d’actualisation des connaissances en gastroentérologie) à six mois et le soulagement des symptômes de l’intestin irritable.
Au cours des trois premiers mois, les effets secondaires ont été plus nombreux dans le groupe placebo. Les patients ont notamment signalé des effets anticholinergiques typiques tels que la sécheresse buccale, la somnolence et la constipation. Après six mois, il n’y avait toutefois plus de différence entre les groupes. « L’étude, qui aborde une question très importante, peut se targuer d’un nombre de cas adéquat et d’une qualité méthodologique très soignée », explique le Dr Andresen. Sur la base de cette étude, l’administration d’amitriptyline pourrait être plus précoce et plus fréquente, notamment en cas de douleurs abdominales réfractaires.
La mésalazine pour le SII à type de diarrhée
La mésalazine est une option possible pour le SII à type de diarrhée. Une méta-analyse de huit études randomisées et contrôlées chez un total de 820 patients a montré un léger avantage de la mésalazine par rapport au placebo. Dans le cas du SII non diarrhéique ou du SII post-infectieux, les résultats n’étaient pas significatifs.