16 févr. 2024Fibromyalgie

Déterminer les groupes de symptômes pour individualiser le traitement

Douleurs, sommeil perturbé et épuisement sont les symptômes cardinaux de la fibromyalgie. Ils peuvent être soulagés par des mesures naturopathiques et complémentaires. Pour être efficaces, celles-ci doivent être adaptées à la spécificité des patients.

Pour la fibromyalgie, l'acupuncture est egalement recommandée dans les directives S3
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Il n’y a pas si longtemps, la fibromyalgie était encore considérée comme une maladie d’origine psychique, dont les symptômes relèvent de l’imagination des personnes concernées.

Aujourd’hui, nous avons considérablement avancé dans la compréhension de cette affection, écrivent le Dr Andrea Langhorst et le Pr Jost Langhorts, clinique de médecine intégrative et de naturopathie, Clinique am Bruderwald, Bamberg (1).

Certes, en cas de fibromyalgie, des troubles psychiques ne sont souvent pas loin mais il ne faut en aucun cas vouloir amalgamer les deux, soulignent-ils. En effet, on pense de nos jours que la physiopathologie de la maladie est due à une altération de la perception centrale de la douleur, à un dysfonctionnement du système nerveux sympathique ou/et à une pathologie des petites fibres.

Des médicaments pour une durée limitée

Cliniquement, deux groupes de symptômes ont été identifiés dans la fibromyalgie. Ils se distinguent par la douleur, la qualité du sommeil et l’épuisement. On ignore toutefois si les troubles sont la cause ou la conséquence de la maladie. Pour le traitement, on recommande dans tous les cas des approches thérapeutiques multimodales, où les méthodes naturelles et complémentaires ont une place de choix. Outre le soulagement aigu des symptômes, l’augmentation de la résilience face aux facteurs de stress est un objectif important à long terme. La pharmacothérapie ne prend quant à elle qu’une importance secondaire et ne devrait être utilisée, si tant est qu’elle le soit, que pour une durée limitée.

Les douleurs chroniques qui se manifestent dans plusieurs localisations sont la caractéristique prédominante du premier groupe de symptômes. Souvent, les patients ont une tendance aux états dépressifs, elles sont peu actives physiquement – la tendance à la sédentarité pouvant être marquée – sans parler de la présence d’un surpoids. De tels patients tireront surtout bénéfice d’une activité physique accrue. La directive SK3 (2) recommande les activités suivantes car particulièrement bénéfiques :

  • activité d’endurance au moins 30 min 2 à 3 fois par semaine ;
  • exercices de développement de la force 2 fois par semaine 60 min ;
  • entraînement fonctionnel (gymnastique en bassin ou non) deux fois 30 min/semaine ;
  • pratique régulière du yoga et du qi-gong.

Le jeûne de courte durée selon Buchinger peut avoir des effets positifs

Selon les auteurs, l’alimentation a également toute son importance. Ils recommandent une alimentation complète à base de végétaux adaptée aux préférences des patients. Un jeûne court de cinq à sept jours selon la méthode Buchinger (sous surveillance) semble également avoir un effet bénéfique. Il ne s’agit pas d’une recommandation fondée sur les preuves mais des séries de cas et l’expérience clinique des auteurs ont montré un effet.

Les personnes concernées citent souvent les facteurs de stress psychosocial comme déclencheurs des exacerbations de la douleur. Selon la directive, la maltraitance physique, les abus sexuels et les états dépressifs sont également considérés comme des facteurs associés à la fibromyalgie. Dans ces cas, un soutien psychothérapeutique ou des interventions par une thérapie par le changement ou par l’harmonie du corps et de l’âme – également appelée thérapie de l’ordre – sont utiles. En voici quelques exemples :

  • technique de respiration selon Tuna ;
  • relaxation musculaire progressive ;
  • interventions sur l’esprit et le corps.

Si nécessaire, des antidépresseurs comme l’amitriptyline peuvent être prescrits en accompagnement. Il s’agit du seul traitement médicamenteux recommandé dans la directive – même si la substance active n’a pas d’indication formelle dans la fibromyalgie. Selon les préférences des patients, les phytothérapies comme la passiflore ou le millepertuis sont également des options.

L’hyperthermie à infrarouge A contre la douleur

Les bains chauds, le sauna et la natation en eaux thermales aident également à lutter contre la douleur chronique. Le fait que les patients puissent prendre ces mesures de leur propre chef est particulièrement avantageux dans le sens de l’auto-activation souhaitée. Dans leur clinique, les experts de Bamberg ont fait des expériences positives avec l’hyperthermie à infrarouge A, qui n’a pas seulement un effet antalgique et antidépresseur. L’élévation de la température centrale du corps à 38,5°C déclenche également des stimuli neuro-endocriniens et immunologiques. Ainsi, les lymphocytes T s’accumulent dans les tissus et la sécrétion d’interleukine-2 et d’interféron-γ augmente.

Souvent, les patients peuvent mieux localiser leurs douleurs après l’hyperthermie. Cela permet de dispenser d’autres traitements en ces endroits, comme le brossage à sec selon Kneipp ou les frictions à l’huile de romarin ou de mauve. L’hyperthermie du corps entier n’a pas encore été intégrée comme recommandation dans les directives. Pour enrichir les connaissances sur son efficacité, les collègues prévoient une étude contrôlée contre procédure fictive à la clinique de Bamberg.

La directive recommande également l’acupuncture

L’acupuncture a déjà sa place dans la directive. Elle est recommandée pour le traitement des douleurs sur la base d’une revue Cochrane.

Le deuxième groupe de symptômes de la fibromyalgie se caractérise par un sommeil non réparateur accompagné d’une tendance à l’épuisement physique et/ou mental. Ces patients ont une tendance à l’agitation. Des douleurs à type de brûlures et des paresthésies dans les bras et les jambes empêchent un repos nocturne réparateur. Chez ces patients, l’humeur dépressive et la tendance à la sédentarité ne sont pas au premier plan, ce serait même le contraire car souvent ils ne se reposent guère pendant la journée, ce qui fait que leurs performances et leur qualité de vie sont généralement réduites en raison du manque de sommeil.

La capsaïcine contre la polyneuropathie

Chez ces patients, l’objectif est d’améliorer le sommeil en réduisant les paresthésies, sachant que la moitié d’entre eux ont une polyneuropathie des petites fibres. Ces patients peuvent être soulagés par des brossages à sec et des pommades contenant de la capsaïcine. On peut également tenter un traitement par des antalgiques à base d’extraits d’écorce de pin, écrivent les auteurs. Ceux-ci ont moins d’effets indésirables – lorsqu’ils en ont ! – que les AINS souvent prescrits contre la douleur.

Les directives sur les troubles du sommeil proposent une aide supplémentaire pour améliorer la qualité du sommeil, notamment par des compresses qui favorisent le sommeil (p. ex. des compresses à la lavande à appliquer sur le thorax au niveau du cœur) et des produits phytothérapeutiques comme la valériane, l’huile de lavande ou la mélisse. Des interventions relevant de la « thérapie de l’ordre » peuvent contribuer à rétablir le rythme jour/nuit. Il faut en outre proposer des formes d’exercices physiques centrés sur l’attention et la concentration comme le qi-gong et, bien sûr, veiller à une bonne hygiène du sommeil.