11 sept. 2024Une présentation atypique

Infection par le parvovirus B19 chez l’adulte

Chez l’enfant, l’infection symptomatique par le parvovirus B19 – l’érythème infectieux – se traduit par un érythème induré des joues et des éruptions symétriques réticulées du corps, facilement reconnaissable. Sa présentation est toutefois bien moins spécifique chez l’adulte, faisant que le diagnostic est souvent erroné ou tardif.

Une infection au parvovirus B19 peut également entraîner des modifications de la formule sanguine.
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Une infection au parvovirus B19 peut également entraîner des modifications de la formule sanguine.

Une femme de 38 ans se présente aux urgences pour une éruption cutanée prurigineuse ayant débuté la veille, avec extension au dos et aux extrémités (1).

La patiente présentait un état fébrile avec une température atteignant 39°C depuis cinq jours, accompagné de douleurs au niveau du rachis thoracique. Elle a pris de l’ibuprofène en automédication. Sans antécédents médicaux particuliers, l’anamnèse était par ailleurs sans particularité, selon la description du du Dr Fabienne Wächter et du Dr Birgit Traichel, hôpital cantonal de Münsterlingen.

Résultats de l’examen clinique et des analyses sanguines

L’examen clinique a montré un exanthème maculopapuleux en fines taches, sans formation de vésicules ni croûtes. La paume des mains et la plantes des pieds étaient épargnées par les lésions mais la patiente a rapporté une sensation de brûlure.

Une légère tuméfaction des articulations digitales a été observé, accompagnée de douleurs à la mobilisation. Les analyses sanguines ont mis en évidence une anémie normochrome normocytaire légère et hyporégénérative (hémoglobine 115 g/l, réticulocytes 0,01 T/l) et une thrombocytopénie nouvellement documentée (75 g/l). Les autres paramètres de laboratoire étaient dans les normes.

Approche thérapeutique et suspicion de réaction médicamenteuse

En raison d’une suspicion d’exanthème médicamenteux, la patiente a reçu 2 mg de clémastine et 125 mg de méthylprednisone par voie intraveineuse. Le prurit a diminué mais l’exanthème est resté inchangé. En raison de la bicytopénie et des arthralgies, les collègues ont demandé des analyses sanguines à la recherche d’une infection par le parvovirus B19.

Avec un taux d’IgM de 18,0 (positif) et un taux d’IgG négatif (< 0,1), les résultats étaient en faveur d’une infection récente. Les anticorps IgM peuvent être détectés dans le sérum sept à dix jours après l’infection, les anticorps IgG trois à quatre jours plus tard.

Confirmation du diagnostic d’infection par le parvovirus B19

L’exanthème, le prurit et la thrombocytopénie ayant régressé de façon satisfaisante le lendemain, la patiente a pu retourner à domicile. Au bout de deux jours, l’éruption cutanée avait disparu. Une semaine plus tard, la patiente allait de nouveau bien. Les arthralgies ont cessé après quelques jours. L’analyse sanguine à 13 jours après la sortie a montré une normalisation des valeurs.

En outre, la mise en évidence d’une séroconversion avec des anticorps IgM et IgG positifs a confirmé une infection récente au parvovirus B19. La survenue de cas d’érythème infectieux auparavant dans la classe de sa fille s’inscrivait dans ce contexte.

Érythème infectieux chez les adultes : rareté et symptômes typiques

L’érythème infectieux est plutôt rare chez l’adulte et touche surtout les femmes d’âge moyen. En général, quatre jours à deux semaines après l’infection par gouttelettes, on observe un stade prodromique avec des symptômes pseudo-grippaux tels que fièvre, céphalées et myalgies.

Les enfants développent parfois des rougeurs typiques des joues (joue gifllée) et un exanthème maculo-papuleux en guirlande et en anneaux au niveau du tronc et des extrémités, qui s’accompagne d’un prurit dans 50 % des cas. Chez l’adulte, l’éruption cutanée caractéristique est souvent absente mais ils présentent plus souvent des arthralgies symétriques des doigts et des mains.

Prudence en cas de grossesse

Une infection par le parvovirus B19 peut en outre entraîner des modifications de l’hémogramme, notamment des thrombocytopénies et des anémies. En cas de maladie hématologique préexistante (p. ex. drépanocytose, thalassémie ou sphérocytose), des évolutions sévères pouvant aller jusqu’à la crise aplasique sont possibles. Le traitement est symptomatique.

Les personnes infectées doivent éviter tout contact avec les femmes enceintes. Les personnes immunocompétentes sont immunisées à vie après avoir contracté la maladie.