26 juin 2024Différences entre les sexes en termes d’incidence, de gravité et de résultats

Les femmes moins bien loties en cas d’AVC

Les femmes victimes d’un AVC bénéficient d’un traitement aigu de la même manière que les hommes, mais se remettent moins bien. Le Dr Laura Westphal, médecin-chef de la clinique de neurologie de l’hôpital universitaire de Zurich, s’est exprimée sur les raisons de cette situation et sur d’autres différences spécifiques au sexe lors du premier symposium « Sex und Gender in der Neurologie ».

Les femmes ont une mortalité plus élevée en cas d'AVC à partir de 75 ans.
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« En général, les femmes sont plus susceptibles d’avoir un AVC que les hommes », a déclaré la conférencière. L’incidence dépend de l’âge.

À partir de 75 ans, les femmes ont un taux de mortalité par AVC plus élevé

Elle est particulièrement élevée chez les hommes de moins de 65 ans (notamment entre 45 et 74 ans) et chez les femmes de plus de 80 ans. La plupart des décès liés à un AVC surviennent chez les femmes de plus de 75 ans.

Par rapport aux hommes, les femmes ont plus d’AVC graves et un moins bon résultat en termes de degré de handicap, de qualité de vie et de mortalité (1). Elles sont également moins susceptibles de recevoir une bonne prophylaxie secondaire, notamment sous forme d’anticoagulants oraux et de thérapies hypolipémiantes (2).

La conférencière a expliqué ces différences spécifiques en premier lieu par l’âge et l’espérance de vie plus longue. « Par rapport aux hommes, la plupart des femmes sont plus âgées et ont déjà plusieurs comorbidités lorsqu’elles font un AVC », a déclaré le Dr Westphal. Elles vivent souvent seules à un âge avancé et ont moins de soutien social lorsqu’elles sortent de l’hôpital. De même, elles ne prennent souvent pas de rendez-vous pour des thérapies ou des visites chez le médecin parce qu’elles n’ont plus personne pour les accompagner dans les établissements de santé.

Fibrillation auriculaire, hypertension artérielle, hormones

Les facteurs de risque jouent également un rôle dans les différences épidémiologiques entre les sexes. Ainsi, la fibrillation auriculaire (FA) est nettement plus fréquente chez la femme. « En outre, en cas de FA, le risque d’AVC est deux fois plus élevé chez la femme que chez l’homme », a expliqué la conférencière. Une FA entraîne aussi souvent d’importantes occlusions vasculaires, ce qui explique probablement pourquoi les femmes ont plus d’AVC graves.

En ce qui concerne le facteur de risque qu’est l’hypertension, les maladies hypertensives sont particulièrement fréquentes chez les femmes à deux périodes de leur vie : la grossesse et la période péri-partum, ainsi que la post-ménopause. Le diabète et le tabagisme sont quant à eux des facteurs de risque plus fréquents chez les hommes. « Mais en cas de syndrome métabolique, en particulier en combinaison à une masse de tissu adipeux viscéral importante, le risque d’AVC est incomparablement plus élevé chez la femme que chez l’homme », a expliqué le
Dr Westphal.

Les hormones jouent également un rôle. Pendant la phase de reproduction, une contraception avec une préparation hormonale combinée augmente la probabilité d’AVC. « Globalement, le risque est toutefois très faible sous contraception hormonale », a déclaré le Dr Westphal. Mais en péri-partum, le risque d’AVC est multiplié par neuf et en post-partum par trois.

Les femmes ménopausées sont également à risque. « Avec la baisse constante du taux d’œstrogènes, l’effet vasoprotecteur des œstrogènes s’estompe de plus en plus », a expliqué la spécialiste. On ne sait pas exactement dans quelle mesure un traitement hormonal substitutif influence le risque d’accident vasculaire cérébral.

Traiter les femmes et les hommes de manière égale

Contrairement à ce qui se passait il y a quelques années, les femmes bénéficient aujourd’hui d’un traitement aigu de la même manière que les hommes. Il existe toutefois des différences au niveau du résultat. Ainsi, tôt après un stenting, une endartériectomie carotidienne et un traitement aigu de l’anévrisme, l’évolution est moins bonne chez les femmes que chez les hommes. Toutefois, cette différence s’estompe au fil du temps (3-5).

« Sur la base de ces données, l’ESO ne recommande pas de traitement différencié selon le sexe dans ses directives », a déclaré le Dr Westphal, qui a également attiré l’attention sur une différence dans le traitement aigu. Ainsi, en cas d’hémorragie intracrânienne, le recours au drainage ventriculaire externe est plus rare chez la femme que chez l’homme. (6) « Il faut sensibiliser les gens à ce sujet pour que les femmes aient elles aussi davantage accès aux méthodes invasives telles que le DVE », a-t-elle expliqué.