27 sept. 2024Les groupes à haut risque sous la loupe

Cancer du pancréas : Nouvelles stratégies de dépistage précoce

Un médecin généraliste voit sept à huit patients ayant un cancer du pancréas au cours de sa vie professionnelle. De nouvelles stratégies aident au dépistage précoce. Les plus de 50 ans ayant un diabète récent sont en particulier visés.

De nouvelles stratégies aident au dépistage précoce du cancer du pancréas
Crystal light/stock.adobe.com

Au moment du diagnostic, la survie médiane dans le cancer du pancréas est de neuf mois. Ce cancer reste donc la troisième cause de mortalité liée au cancer. De nouveaux résultats de recherche viennent contrecarrer ce sombre pronostic. On pourrait notamment agir par le dépistage précoce dans les groupes à haut risque.

Le Pr Hans Scherübl, clinique de gastroentérologie, d’oncologie gastroentérologique et d’infectiologie, Vivantes Klinikum Am Urban, Berlin, explique que la tumeur est trop rare pour être dépistée en population générale (1). Pour améliorer le pronostic à long terme des personnes touchées, il faut donc commencer par identifier les groupes à haut risque.

Le NOD augmente le risque de carcinome

Chez plus d’un quart des patients, un « new onset diabetes » (NOD) – un diabète d’apparition récente – est détecté dans les trois ans précédant le diagnostic de cancer. Deux à trois ans après le diagnostic de NOD, le risque de cancer du pancréas est multiplié par cinq environ. En combinaison avec une perte de poids, il est même multiplié par 10 à 25.

Ce groupe à haut risque pourrait être surveillé à l’aide de biomarqueurs. Dès le stade IA de la tumeur, le carcinome pancréatique libère en effet des miARN dans la circulation sanguine et l’intestin. Il inhibe ainsi la libération d’insuline dans les cellules bêta, d’où une hyperglycémie qui favorise la croissance tumorale. Dans le cadre d’études, des vésicules spécifiques, qui servent entre autres au transport du miRNA, ont été détectées avec une grande fiabilité (95,5 %) dans le sang de patients ayant un cancer du pancréas de stade IA. Des études contrôlées à ce sujet sont encore en cours. Le spécialiste y voit un jalon sur la voie d’un dépistage précoce simple et valide.

Le décryptage du métabolisme des cellules tumorales offre de nouvelles possibilités d’approche. Les oncométabolites peuvent favoriser la croissance tumorale et la formation de métastases. Les chercheurs prévoient d’utiliser ces molécules pour identifier le cancer du pancréas. La signature génétique du microbiote oral et fécal peut également fournir des informations précieuses pour la détection précoce. De manière générale, le microbiome est associé au développement de tumeurs gastro-intestinales. Des chercheurs travaillent à l’identification de groupes à risque de cancer du pancréas à partir de micro-organismes spécifiques. À ce jour, cette approche n’est toutefois pas encore suffisamment développée pour une application clinique.

Diagnostiquer si possible les tumeurs au stade IA

L’endosonographie (EUS) et les ponctions à l’aiguille fine guidées par EUS sont utilisées pour clarifier les lésions solides du pancréas. Une sensibilité et une spécificité élevées ont été démontrées pour les deux méthodes d’examen. Lorsqu’il s’agit de petites lésions (< 2 cm), l’EUS est supérieure aux méthodes d’imagerie. L’élastographie EUS et l’administration de produits de contraste sont utilisées en complément. Des études en cours examinent la fiabilité de l’EUS et des ponctions à l’aiguille fine EUS pour le dépistage précoce des carcinomes chez les patients NOD de plus de 50 ans.

L’objectif est de diagnostiquer si possible la tumeur au stade IA dans ce groupe de patients spécifique, souligne le spécialiste. Avec un cancer du pancréas de stade IA (pT1pN0M0), les patients ont une survie de 80 % à cinq ans après résection. La combinaison des scores de risque, des biomarqueurs innovants et des technologies d’intelligence artificielle (voir encadré) ouvre de nouvelles perspectives.

Une détection nettement plus fiable grâce à l’IA

Avec le renfort de l’IA, les procédures mentionnées pourraient être encore plus efficaces, espère le spécialiste. 40 % des cancers du pancréas T1 (< 2 cm) ne sont pas détectés par la tomodensitométrie conventionnelle. L’intelligence artificielle permet d’augmenter la fiabilité (75-98 %). Au stade subclinique, les algorithmes détectent mieux les résultats suspects scanner que les radiologues. L’endosonographie assistée par IA en est encore au stade expérimental. Selon le spécialiste, il n’est pas encore possible d’évaluer son utilité pour la pratique
clinique quotidienne.