23 avr. 2024L’arthrite psoriasique pas systématiquement en cause

Arthralgies associées au psoriasis

Chez les patients atteints de psoriasis, les douleurs articulaires inflammatoires sont souvent attribuées, par réflexe, à la dermatite. Toutefois, d’autres maladies peuvent en être à l’origine, comme le montre le cas d’une femme âgée chez laquelle il a fallu des années pour diagnostiquer une cause hépatique.

Est-ce vraiment une arthrite psoriasique?
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Une patiente de 71 ans a été adressée au centre de rhumatologie de Herne par son dermatologue en raison de polyarthralgies bilatérales exacerbées aux articulations interphalangiennes et métacarpophalangiennes (MCP). Elle a également signalé des tuméfactions intermittentes, accentuées le matin.

Sous méthotrexate depuis onze mois

Depuis l’adolescence, elle suivait un traitement dermatologique pour un psoriasis en plaques. En raison d’arthralgies récidivantes présentes depuis onze ans, du méthotrexate (15 mg/semaine s.c.) lui a récemment été prescrit.

Elle a ensuite été mise sous adalimumab quelques mois auparavant pour l’exacerbation d’une hépatopathie chronique existante avec des élévations récidivantes des transaminases et de la gamma-GT. Une aggravation des symptômes a toutefois été observée sous l’anti-TNF-alpha.

Les examens avant traitement ont montré une hépatite B, mais avec une charge virale négative, écrivent le Dr Philipp Schulte-Terhusen et ses collègues du Centre de rhumatologie de la Ruhr, Herne.

La peau et les muqueuses étaient sans particularité, à l’exception de légères lésions psoriasiques des coudes. L’examen clinique ne s’est pas non plus montré contributif mais a révélé une douleur à la palpation bilatérale et une légère tuméfaction de plusieurs articulations (épaule, coude, main, doigts).

L’échographie ostéo-articulaire et l’IRM ont montré une inflammation principalement périarticulaire des poignets, des articulations métacarpophalangiennes et des articulations interphalangiennes proximales, mais sans les atteintes (post)inflammatoires ou érosives d’une arthrite psoriasique.

Une charge virale très élevée pour le VHC

Les examens de laboratoire ont mis en évidence des anticorps anti-VHC positifs avec une charge virale élevée (ARN du VHC :  321 291 UI/ml) et une élévation des enzymes hépatiques. Sur la base de ces examens, les médecins ont diagnostiqué une hépatite C active avec des manifestations principalement extrahépatiques, une péri-artite associée, mais sans décompensation hépatique. Les titres également élevés du facteur rhumatoïde et des anticorps antinucléaires, ainsi que l’absence d’érosion articulaire, ont permis de distinguer la maladie d’une atteinte d’origine rhumatismale.

Les médecins ne sont pas parvenus à identifier l’origine de l’infection avec certitude. La patiente n’ayant pas d’antécédents d’abus de drogues, il se peut que la contamination ait eu lieu lors d’une transfusion sanguine dans les années 1980 ou dans le cadre de son activité professionnelle. Une transmission dans la petite enfance serait une autre possibilité, dans un contexte d’infection par l’hépatite C connue chez la mère et la sœur.

En cas d’hépatite C extrahépatique avec modifications immunologiques, le traitement antiviral est au premier plan. Pendant son hospitalisation, la patiente a reçu un traitement symptomatique par infiltration locale des deux poignets, ainsi que du métamizole et de la tilidine. En outre, en collaboration avec un cabinet spécialisé en hépatologie, un traitement combiné à base de glécaprévir et de pibrentasvir a été initié, ce qui a permis une nette diminution des douleurs articulaires.

Dépister l’hépatite C avant une thérapie biologique

Cet exemple montre sans équivoque qu’on ne pas conclure automatiquement à une PsA chez les patients atteints de psoriasis et d’arthralgies inflammatoires suspectes, selon les collègues.

En effet, dans le cadre des manifestations extra-hépatiques de l’infection par le VHC, jusqu’à 38 % des patients ont des atteintes articulaires qui sont le plus souvent une vascularite cryoglobulinémique, un Sjögren secondaire et une arthrite associée au VHC. En outre, les auteurs recommandent une sérologie HepC avant l’initiation d’une thérapie biologique immunomodulatrice.